Századok – 1967
Tanulmányok - Iszlamov; T. M.: Az 1917. évi osztrák–magyar kiegyezés megkötése 3
36 T. M. ISZLAMOV: AZ 1907. ÉVI KIEGYEZÉS Bien que les accords conclus en avril de 1906 réussissent en partie à porter solution à ces antagonismes, à l'automne de la même année, période du commencement des négociations économiques, il devint manifeste que les intérêts des classes dirigeantes des deux pays présentèrent sous maints rapports de divergences accentuées, voire se révélaient être opposés les uns aux autres. Lorsque les membres du gouvernement de coalition se mirent à la table des négociations leurs réclamations furent les suivantes: l'Autriche jugeait absolument préjudiciable les charges qui lui incombaient en connexion avec la quotepart des affaires communes (65,8 : 34,2) et elle tenait à ce que celle-ci soit modifiée au dépens de la Hongrie; le gouvernement hongrois à son tour visait à faire modifier le tarif douanier et quant à l'établissement de ces tarifs elle s'efforçait de s'assurer une autonomie plus large. Pendant que, par rapport à cette dernière réclamation, le gouvernement autrichien visait à obtenir qu'au lieu d'un délai de 10 ans l'union douanière soit prolongée à 20 ans ou davantage, le gouvernement Wekerle, tout en refusant les aspirations à «une Monarchie unie» s'efforçait à substituer à l'union douanière un contrat douanier. Le fait que W. Beck, le nouveau président du cabinet, appartenait au cercle de François Ferdinand qui exigeait la réalisation absolue des projets relatifs à l'unification de l'empire, avait une influence décisive sur l'issue des négociations. Par contraste les membres du gouvernement de coalition hongrois se trouvaient dans l'impossibilité de créer une plate-forme commune pour atteindre leurs objectifs. Mi-septembre 1906 les tractations relatives au compromis commencèrent à deux échelons: d'une part au sein des délégations gouvernmentales et d'autre part dans les soit-disant commissions d'experts. La situation du gouvernement autrichien ne cessait d'être difficile du fait que les milieux attachés à la personne de François Ferdinand, en premier lieu les cercles militaires dirigeants avec en tête Conrad von Hötzendorff, mirent souvent obstacle à une souplesse minime témoignée au cours des négociations. Ainsi p. e. lorsque sur les sollicitations du Parti de l'Indépendance, parti dirigeant de la coalition hongroise, le gouvernement exigeait l'introduction dans l'armée du commandement hongrois et en revanche il se montrait disposé à des concessions économiques c'étaient précisément les cercles militaires autrichiens qui s'opposèrent à la conclusion de l'accord étant de tous les côtés favorable à l'Autriche. Quant au gouvernement hongrois il se vit paralysé «d'une athmosphère d'indépendance» créée par le Parti de l'Indépendance. Les négociations et les débats furent ainsi de temps à autre interrompus à la suite de l'attitude intransigeante témoignée par les deux parties sur le terrain de la politique intérieure. Bien que dès les premiers mois il devînt évident que le compromis ne tarderait pas à être conclu, vu que la grande bourgeoisie autrichienne aussi bien que les classes dirigeantes hongroises, en premier lieu les milieux agrariens, avaient d'importants intérêts dans les territoires voisins, les pourparlers n'arrivèrent à leur point décisif que lorsque le gouvernement hongrois mit au premier plan le problème des garanties constitutionnelles et lorsque sur l'intervention du gouvernement autrichien l'empereur venait de les sanctionner malgré les manoeuvres de François Ferdinand qui refusait toute concession donnée à la Hongrie. Les garanties constitutionnelles signifiaient dans leur essence que les classes dirigeantes hongroises en attribuant plus de compétence aux unités administratives plus modestes (comitate, villes) désiraient prévenir la nomination d'un nouveau gouvernement extra-parlementaire (comme l'était le gouvernement Fejérváry). Pendant que Vienne ne fut contrainte à admettre dans la sphère du droit public qu'une concession de ce genre et dans le domaine économique elle ne devait consentir qu'à la substitution du contrat douanier à l'union douanière, contrat gardant l'ancien contenu et les anciennes conditions économiques de l'union, la Hongrie elle, ne manquait pas de consentir à la modification de la quote-part et ne se refusa pas à l'extention, à ses propres frais, des chemins de fer autrichiens à destination balcanique. Le prince héritier visant à réaliser à tout prix les intérêts de la «Gosamtmonarchie» s'efforçait à maints égards d'entraver la conclusion de l'accord; cependant n'ayant pas tenu compte des intérêts de la majeure partie des classes dirigeantes des deux pays, ses essais furent voués à l'échec. Le compromis réalisé le 5 octobre 1907 réussit pour un certain temps à mettre en équilibre les intérêts de la grande bourgeoisie autrichienne et des classes dirigeantes hongroises et applanir les antagonismes qui à l'heure séparaient ces mêmes clesses.