Habersack, Sabine - Puşcaş, Vasile - Ciubotă, Viorel (szerk.): Democraţia in Europa centrală şi de Sud-Est - Aspiraţie şi realitate (Secolele XIX-XX) (Satu Mare, 2001)
Ioan Horga: Pericole mediatice la adresa democraţiei în Europa centrală şi de est
loan Horga Libération, du correspondant du Soir, du producteur á'ABC News ou encore du journaliste du Washington Post... Parallèlement, les autorités serbes tentaient d’entraver la libre circulation des images, procédant à la fermeture de l’émetteur par satellite de Y Union Européenne de Radiodiffusion (UER) ou intimant l’ordre à la Télévision Serbe de refuser à la chaîne américaine CNN l’utilisation de ses moyens techniques pour la diffusion de ses reportages10. C’est en fait au Kosovo et dans sa capitale, Pristina, que les mesures répressives à l’endroit des correspondants étrangers furent appliquées avec le plus de rigueur, conformément au communiqué du ministère de l’Information de Serbie en date du 25 mars qui stipulait : « sur la base de l’article 8 de la loi sur la défense de la République de Serbie, le ministère de l’Information décrète l’ordre suivant : expulser les journalistes des médias étrangers venant de pays qui ont participé ou dont le territoire a été utilisé dans l’agression des forces de l’OTAN dans notre pays »* *. Paul Watson, du Los Angeles Times, sera le seul journaliste indépendant à passer à travers les mailles du filet et à 12 pouvoir parcourir le Kosovo sur la quasi-totalité des quelques 78 jours qu’auront duré les frappes aériennes, les autres correspondants étrangers ayant dû se replier en Macédoine, en Albanie ou encore au Monténégro d’où ils ne pourront plus rendre compte que du problème des réfugiés... Dans la pratique, les conditions nécessaires à un minimum de transparence de l’information sont inexistantes : la liberté d’aller et venir étant supprimée, c’est avec elle la possibilité de vérifier tel ou tel fait qui disparaît, comme d’ailleurs celle d’interviewer des témoins sur place pour opérer des recoupements, mener une enquête. C’est par définition ce qui fait l’essence même de l’activité journalistique - la collecte de l’information, la vérification et le recoupement des faits, puis leur traitement - qui fut alors refusé aux journalistes étrangers. La non maîtrise par ces derniers de la collecte de l’information et de son traitement explique que l’on se soit alors retrouvé avec une information de « seconde main », avec les risques d’erreur et d’imprécision que cela peut comporter, a fortiori quand il s’agit de rendre compte de l’épuration ethnique en cours... Les journalistes, ici, n’auront donc été que des témoins auriculaires 10 11 12 10 Le Monde, 26 mars 1999. 11 Cité par Denis Hautin-Guiraut, Le Monde, 27 mars 1999, p.. 12 Cf. Paul Watson, Témoin de guerre , in Les Cahiers de Médiologie, Croyances en guerre : l'effet Kosovo, n°8, deuxième semestre 1999, pp.l 11-119. 162