Drăgan, Ioan (szerk.): Mediaevalia Transilvanica 2000 (4. évfolyam, 1-2. szám)

Cruciada Târzie

70 Emmanuel C. Antoche Il eut pourtant ce jour-là un moment de faiblesse lorsque la défaite subie par les cavaleries anatolienne et ruméliote sur les deux flancs préfigurait au début de l’après-midi une éclatante victoire de l’armée adverse. Le bey Tati-Karadja l’encouragea en lui disant que s’il avait l’intention de quitter le champ de combat, l’ennemi aurait la route libre jusqu'à Andrinople et que la bataille pouvait être encore gagnée avec l’aide d’Allah. Puis le bey chevaucha en direction des fuyards ruméliotes en essayant de les ramener à l’avant. La grande bannière de l’empire continua de flotter sur la colline et le roulement des tambours attestait encore la présence de Murád au milieu de ses hommes. En agitant au-dessus de sa tête le traité de Szeged, le sultan parcourut les rangs de janissaires et de kapïkulu pour leur montrer la preuve de la trahison chrétienne et les encourager ainsi à résister jusqu’au dernier homme. L’excitation guerrière gagna à nouveau les coeurs de ses hommes décidés à mourir pour lui163. Au même moment dans l’autre camp, le roi Vladislav Jagellón entouré de sa garde se préparait à mener la charge de cavalerie dont l’échec fit basculer la victoire du côté ottoman. Quatre ans plus tard, lors de la deuxième bataille de Kossovo, après des combats qui avaient durées trois jours successifs (le 17-19 octobre 1448) ce fut toujours la détermination montrée par Murád II qui eut gain de cause face à la meilleure armée que l’Europe chrétienne réussit à ressembler pour affronter la puissance turque. XXX A la fin de mars 1445, quelques navires appartenant à la flotte croisée qui se trouvait toujours à Constantinople, levèrent l’ancre pour enquêter sur le sort de Vladislav Jagellón dans les villes portuaires de la mer Noire. Les péripéties du voyage à travers les colonies génoises de Trapezunt et les côtes ensablées de la Dobroudja nous furent relatés par Walerand de Wavrin, le neveu de Jehan de Wavrin164. De Chilia (Licostomo), le chevalier bourguignon envoya à Buda son confrère d’armes espagnol Pierre Vasque de Saavedra, son secrétaire Robert Lobain et plusieurs chevaliers hongrois, tombés prisonniers chez les Turcs à Varna et rachetés par les chrétiens. Le but de leur mission était d’inciter Jean Hunyadi et son armée à reprendre l’offensive contre les Ottomans, cette fois-ci secondé de près par une flottille de 7-8 galères bourguignonnes et papales'65. Au début de mai, les messagers arrivèrent dans la capitale hongroise. Le voivode de Transylvanie accepta la proposition de Wavrin et donna rendez-vous aux navires croisés à Nicopolis au mois d’août, date à laquelle il pouvait compter aussi sur une armée de 8 à 10.000 hommes. Il demanda à Pierre Vasque de s’arrêter en Valachie et d’inviter Vlad Dracul de se joindre avec ses troupes à l’expédition. 163 Rónay, p. 271; T. Nicolau, p. 65, 128; B. Cvetkova, p. 30. A noter le même comportement du sultan Bayezid pendant la dernière phase de la bataille de Tchïbukova (le 28 juillet 1402) contre les Mongols de Timur Lénk, Ducas, p. 96-98. 164 Anchiennes Cronicques d'Engleterre, p. 98-104. 165 Ibidem, p. 100.

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