Drăgan, Ioan (szerk.): Mediaevalia Transilvanica 2000 (4. évfolyam, 1-2. szám)
Cruciada Târzie
Les expéditions de Nicopolis (1396) et de Varna (1444): une comparison 31 L’importance de l’événement et ses conséquences historiques. Quatre expéditions majeures que certains historiens ont pris au fil du temps l’habitude d’appeler des croisades2, furent entreprises par la chrétienté orientale avec le soutien plus ou moins évident de l’Occident, pour délivrer la cité de Constantinople de l’encerclement ottoman et chasser du continent européen ce nouvel adversaire coriace arrivé de l’Asie : l’expédition de Nicopolis (1396), la longue campagne (sept.i443-janv.1444)3, l’expédition de Varna (1444) et celle de Kossovopolje (1448)4. Parmi ces quatre expéditions, deux sortent particulièrement en évidence et attirent constamment l’attention des historiens: celles de 1396 et de 1444. Il existe à cela deux causes principales:- Ensemble, elles représentèrent l’échec cuisant d’une entreprise diplomatique et militaire conçue à l’échelle européenne, en étant, d’ailleurs, les seules ripostes militaires d’envergure que les forces coalisées du vieux continent ont opposé à l’Empire ottoman.- Les deux se sont soldées par des défaites retentissantes sur le champ de bataille qui ont enflammé l’imaginaire des historiens et des écrivains de l’époque tout en créant une fausse auréole de légende qui a traversé les siècles. Le 25 septembre 1396, les bannières réunissant des combattants originaires de la plupart des pays et royaumes chrétiens, affrontèrent pour la première fois au cours de l’histoire dans les plaines de Nicopolis, l’armée ottomane commandée ce jour-là par le sultan Bayazid 1er lldîrîm (Coup de tonnerre) (1389-1402). 2 L’appel lancé en Occident par le roi de Hongrie Sigismond de Luxembourg (1387-1437) en faveur de la croisade de 1396 fut sanctionné par les bulles du pape Boniface IX (1389-1404 à Rome) au cours de l’été et de l’automne 1394, O. Halecki, Rome et Byzance au temps du Grand Schisme d'Occident, Lwôw, 1937, p. 25-26. En ce qui concerne l’expédition de 1444, dans une bulle datant du 1er janvier 1443, le pape Eugène IV (1431-1447) exhorta officiellement les chrétiens à partir en croisade. I. Djuric, p. 344; C. Mureşan, p. 83-84; F. Pali, Le condizioni e gli echi internazionali della lotta antiottomana del 1442-1443, condotta da Giovanni di Hunedoara, in RESEE, III, 1965, nr. 3-4, p. 440-442; Quant à M. Petrocchi, La Politica della Santa Sede di fronte all ’ invasione ottomana (1444-1718), Naples, 1955, p. 20-21, apud, G. Platania, Innocent XI Odescalchi et l'esprit de “croisade”, in XVIF siècle, nr. 119, avril-juin 1998, (numéro spécial La reconquête catholique en Europe centrale), p. 256, nr. 50., il estime, en se référant à la lutte anti-turque menée par le Saint- Siège, qu’il est plus opportun de parler de “guerre sainte” que de “croisade”, parce que “la croisade est une expression typique de la mentalité médiévale, du monde féodal et chevaleresque et aussi parce que la libération du sépulcre du Christ est au centre de sa préoccupation mystique. En revanche, la croisade (donc terme inapproprié) de l’ère moderne prêchée par la papauté aborde de manière plus vaste le problème de l’opposition à l'empire ottoman” (passage traduit en français par Platania). 3 En ce qui concerne la longue campagne, nous renvoyons à notre étude, Une croisade au Bas- Danube au XVe siècle: “la longue campagne” (septembre 1443 -janvier 1444), in Cahiers du Centre d'Etudes d'Histoire de la Défense, nr. 9, Nouvelle Histoire Bataille, (sous la dir. de L. Henninger), Château de Vincennes, 1999, p. 93-113. 4 Pour l’expédition de 1448 cf., J. Bànlaky, p. 195-202; Rónay, p. 282-286; Elekes, p. 350-374; Oman, p. 356-357, ainsi que M. P. Dan, p. 104-108, avec bibliographie. Voir aussi L. Kiss, A rigómezei hadjárat, in HK, Budapest, 1895, p. 164-179; A. Decei, Oastea lui láncú Huniadé înainte de bătălia de la Kossovo (1448). Scrisoarea lui Pasquale de Sorgo, in Revista Istorică Română, XVI, Bucarest, 1946, p. 40-50.