Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)

Ferenc Kerényi: Un poéme dramatique hongrois pour le théatre universel

notamment, le costume grec antique de Platon et celui de pasteur protestant de Luther tranchent sur la foule, composée de personnages dépourvus d’identité et portant, conformément à l’idée madáchienne, seulement des numéros. Quant aux costumes d’Eve, c’est Mari Jászai, elle-même, qui s’en était occupée. Elle avait fait dessiner ses onze costumes par deux artistes peintres de renom et ils allaient constituer sa propriété personnelle. Dans la scène de l’Eden, notamment, elle portait une perruque aux longs cheveux d’or et un collant blanc qui laissait ses bras nus; Quelque part sur la terre, elle était vêtue d’un costume en peau de chèvre grossière et, fantaisie personnelle, une plume de paon était plantée dans ses cheveux. Eve venait ainsi de créer la „mode”. Pour l’opinion littéraire hongroise de l’époque, l’entreprise de Paulay avait quelque chose d’insensé. Il faut dire que les objec­tions des premières critiques contenaient, sous une forme con­densée, — impossibilité scénique, spectacle genre théâtre de variétés, etc. —, tout ce qu’on reproche parfois au metteur en scène qui entreprend de monter aujourd’hui la Tragédie. Mais la réaction du public était toute différente. Sur le plan du nombre des places vendues et des recettes, la Tragédie était une vraie réussite. C’était du vrai théâtre populaire qui a eu en 1894, c’est­­à-dire en onze ans, cent représentations. La mise en scène de Paulay allait déterminer la carrière théâtrale et même littéraire de la Tragédie. Par le truchement de la scène, Madách avait touché un public qui n’aurait jamais eu l’idée de lire son poème dramatique. Au cours des trois saisons consécutives à la première de Budapest, la Tragédie a été jouée dans cinquante villes de Hongrie. La première période de la carrière internationale de la Tragé­die était indiscutablement placée sous le signe de l’école de Meinin­gen. Le même style caractérise les illustrations de Mihály Zichy, peintre et graveur du tsar de Russie, qui avaient inspiré nombre de décors et dont les premières planches étaient publiées en album en 1888. La première représentation de la Tragédie à l’étranger a au lieu au Stadttheater de Hambourg, dans une mise en scène de Robert Buchholz. La compagnie de Hambourg a donné, la même année, seize représentations de la Tragédie à Vienne, à l’occasion 21 I

Next

/
Thumbnails
Contents