Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)
Ferenc Kerényi: Un poéme dramatique hongrois pour le théatre universel
aussi en 1888 au moment où Chronegk, à la tête des Meininger, était encore venu à Budapest et assistait à une représentation de la Tragédie dans la mise en scène de Paulay, parée d’un prestige vieux déjà de cinq ans. Il ne devait pas être tenté de monter la Tragédie à son tour, la vision madáchienne de l’histoire, les tableaux relativement brefs et les personnages historico-fictifs ne convenant pas à la conception théâtrale des Meininger. La création de la Tragédie s’inscrivait dans la politique du répertoire de Paulay qui voyait grand. Il recherchait, en effet, les pièces hongroises qui convenaient à ses projets ambitieux, d’une part, et choisissait volontiers les grands poèmes dramatiques de la littérature universelle, d’autre part. C’est ainsi que la création de la Tragédie devait être suivie par celle du Faust de Goethe et de Manfred de Byron en 1887 puis de Nathan le sage de Lessing en 1888. (De l’aveu même de Paulay, ce sont les représentations de la trilogie de Faust du Brugtheater de Vienne qui l’avaient convaincu d’adapter la Tragédie à la scène.) Pour monter la Tragédie, il fallait en faire un spectacle dont la durée ne devait pas dépasser trois heures et demie. Aussi Paulay devait-il opérer de sérieuses suppressions: sur plus de 4 100 vers, il ne conserva que 2 560 et l’oeuvre fut divisée en un prologue et cinq parties. Les trois premiers tableaux constituaient le prologue et les changements étaient indiqués par un dispositif de rideaux de tulle, représentant des nuages. Les tableaux d’Egypte et d’Athènes constituaient la première partie, Rome et Byzance la deuxième, les deux tableaux de Prague et celui de Paris la troisième, Londres la quatrième. La cinquième partie comprenait le phalanstère, le monde de neige — c’est là qu’étaient insérés les passages les plus importants du tableau de l’espace supprimé — et le tableau final, situé quelque part sur la terre. Certaines suppressions étaient motivées par des impératifs scéniques: le défilé du monde créé devant le Seigneur, représenté dans le premier tableau par un triangle symbolisant l’oeil divin, et, dans le dernier tableau, ses paroles prononcées par les archanges. La chute du pharaon et la destruction de la puissance de Rome étaient également supprimées ainsi que le tableau de l’espace. Le huitième tableau, situé à Prague, connut un sort curieux. Conformément aux vues libérales de l’auteur, Paulay estimait qu’il fallait 19 T I