Magyar Műemlékvédelem (Országos Műemléki Felügyelőség Kiadványai 9. Budapest, 1984)
Krónika - Horler Miklós: Raymond Lemaire 60 éves
HOMMAGE A M. RAYMOND LEMAIRE Le 28 mai 1981 à Barletta, sur la côte ensoleillée de l'Adriatique, M. Raymond Lemaire a fété ses 60 ans. Il était entouré de l'afffection dévouée de nombreux amis et collègues venus de toutes les contrées du monde pour participer à la sixième assemblée générale de nCOMOS,dont il fut jadis le premier secrétaire général pour y occuper ensuite les fonctions de président, puis de président d'honneur. Aussi nous paraît-il un peu symbolique qu'il ait franchi cette importante étape de l'âge de l'homme loin de son pays et des siens, au milieu des travaux de l'organisation internationale qu'il avait fondée et dont le succès doivent tant à ses inlassables efforts d'organisateur et de dirigeant. Grâce a son travail fait en commun avec feu son ami M. Piero Gazzola, nous avons vu naître et se développer au cours des deux dernières décennies le Conseil International des Monuments et des Sites, devenu une institution de l'UNESCO dont l'activité s'étend aujourd'hui sur l'ensemble du globe. L'interprétation moderne du principe de la protection des monuments, intégrés dans l'environnement bâti, la cristallisation universelle de la doctrine de la conservation et de la restauration, et son rayonnement dans les cinq parties du monde sont inséparables de son nom et de sa personne. Sorti d'un des plus anciens ateliers intellectuels de l'Europe, de cette université de Louvain où Érasme de Rotterdam avait jadis professé les idées de l'humanisme, et devenu plus tard professeur à la même École, on le voit se mettre au service de l'héritage éra-smien en propageant des idées élevées qui unissent les hommes et assurent la marche pacifique du progrès spirituel. La création de l'environnement bâti lui apparaît de bonne heure comme un moyen majeur d'expression de l'humain et de formation de la personnalité. Sachant allier sa vocation d'architecte créateur et d'urbaniste à la recherche sur l'histoire et la théorie de l'architecture, il est bien désigné pour occuper simultanément deux chaires à une université qui a gardé jusqu'à nos jours l'universalité de son enseignement: à la faculté des sciences appliquées il assure la formation d'architectes, à celle de philosophie et lettres il professe l'histoire de l'art et l'archéologie. Ce climat intellectuel et ces traditions humanistes l'ont tout naturellement amené à reconnaître une étroite interdépendance entre l'architecture et l'urbanisme modernes et la protection des monuments entendue dans le sens traditionnel. Au milieu des efforts d'une Europe renaissant des ruines de la seconde guerre mondiale, il fut attentif aux dangers qui menaçaient l'architecture des villes historiques universellement appréciées. Et il lui parut évident que pour lutter efficacement contre ces dangers, il fallait mener une action commune de gens se sentant responsables pour notre patrimoine culturel. Hautement conscient de cette responsabilité, il organisa en 1964, ensemble avec M. Piero Gazzola, le Congrès de Venise qui leur permit d'établir la fameuse Charte définissant les principes modernes de la conservation et de la restauration des monuments historiques, et de créer l'ICOMOS qui devait servir désormais de cadre institutionnel à l'action. Pendant la vingtaine d'années qui se sont écoulées depuis, c'est à cette cause que M. Raymond Lemaire a consacré la plus grande partie de sa vie et de son activité, en mesurant l'étendue des tâches et découvrant les voies et les possibilités de l'action avec la perspicacité qu'on lui connaît. Grâce à son travail de pionnier, les principes modernes de la restauration firent leur chemin dans toutes les parties du monde, en même temps que la discipline de la protection des monuments, héritée du siècle dernier, se développait progressivement et s'enrichit de connaissances nouvelles. L'ICOMOS prenant un essor dynamique, faisait en effet successivement appel à différents domaines de la science et de la technique pour assurer la sauvegarde du patrimoine architectural: l'urbanisme, la conservation des pierres, la photogrammétrie, l'ethnographie, la conservation des jardins historiques, l'informatique, des sciences sociales étaient désormais utilisés, et une série de réunions internationales étaient organisées pour guider des efforts faits un peu partout dans le monde. M. Raymond Lemaire, qui fut d'abord le secrétaire général de l'organisation, prit ensuite la présidence en succédant à son collègue et ami inséparable Piero Gazzola quand celui-ci, atteint par une maladie qui devait lui être fatale, fut contraint à se retirer. Il continua depuis a présider les destinées de l'ICOMOS jusqua'à son 60 anniversaire, quand il décida de se retirer ä son tour de la direction active. La sixième Assemblée porta à cette occasion M. Raymond Lemaire à la dignité, hautement méritée, de Président d'honneur. Malgré les très grands efforts que lui réclamaient l'organisation et la direction de l'ICOMOS, il n'a jamais cessé de poursuivre, pendant ces deux décennies, une foule d'autres activités. Rien que sur le terrain de la protection des monuments il joue un rôle des plus actif et se charge de tâches multiples. Il fond et rédige pendant près de vingt années la revue internationale MONUMENTUM. En 1977 il crée le Centre d'études pour la conservation du patrimoine architectural et urbain, à Bruges en Belgique, qui fonctionne depuis deux ans dans le cadre de l'Université de Louvain, toujours sous sa direction. Dans ce Centre, de jeunes spécialistes architectes et urbanistes venus de toutes les parties du monde reçoivent une formation post-graduelle de degré supérieur dans différents domaines de la conservation et de la restauration des monuments. En sa qualité d'expert de l'UNESCO, il prend régulièrement part à la direction des campagnes internationales pour les monuments, comme à Borobudur, à Athènes, et contribue à la solution de certains problèmes de restauration et de conservation au Pakistan, en Jordanie, en Algérie, à la Jamaïque et aux Antilles. Il est représentant personnel du Directeur Général de l'UNESCO pour le règlement des problèmes de portée internationale que soulève la protection de l'ensemble historique de Jérusalem. Ses travaux de restauration accomplis dans son pays, en Belgique, sont bien trop nombreux pour être-énumérés ici. Rappelonsen deux seulement, un peu arbitrairement sans doute: la restauration des ruines d'époque romane de la chapelle St. Lambert à Heverlée, et la revitalisation comme quartier universitaire de l'ensemble d'origine médiévale du Grand Béguinage à Louvain. L'un et l'autre peuvent servir de modèle: le premier pour l'emploi extrêmement nuancé des moyens de l'architecture contemporaine dans la restauration, et le second pour la protection des ensembles historiques et leur intégration à notre vie actuelle. C'est le même esprit qui se traduit dans la restauration d'une série d'églises, de châteaux d'immeubles et de fermes, l'assainissement de quartiers historiques à Namur et à Bruxelles, ainsi que dans l'aménagement de villes et villages anciens comme Bruges, Bruxelles, Namur, Liège, Louvain etc. Raymond Lemaire n'est pas seulement le spécialiste des monuments historiques que tous connaissent, mais il s'est acquis aussi une réputation internationale comme architecte et urbaniste moderne. Comme oeuvre principale dans ce domaine, citons la nouvelle ville universitaire appelée Louvain-la-Neuve, qui fut créée dans la dernière décennie à la suite de la division de l'ancienne université en deux institutions de langue française et flamande. Ce milieu admirable matérialisant la notion primitive, humaine de la ville et les idées modernes qui en découlent est un exemple ouvrant des voies nouvelles à l'aménagement humaniste de l'espace, qui a obtenu à juste titre le prix Abercrombie en 1978. Et M. Lemaire élabora aussi les projets de construction de villes nouvelles en Espagne et en Hollande, exécuta pour son pays les projets d'auditoires, de laboratoires à Heverlée, d'une église â Herne, d'une station de métro à Kraainem, d'un college à Libengé au Zaire, etc.. . Nous autres Hongrois l'avons connu lors du mémorable Congrès de Venise, où sa personnalité exceptionnelle et son caractère affable inspiraient à tous une profonde sympathie. Il a