Folia Theologica 8. (1997)

Ferenc Szabó S.J. La résurrection et la transfiguration du cosmos

120 F. SZABÓ Avant d’exposer son argument naturel, Ambroise remarque qu’il est difficile de croire à la resurrection, puisqu’elle est un don de Dieu qui dépasse la mesure de nos mérites: „Resurrectio omnibus adtributa est, sed ideo difficile creditur, quia supra nostrum meritum dei munus est.” (II, 53) Ambroise est donc conscient des limites de l’argument par analogie qu’on retrouve également chez Clément de Rome (Ep. 1,24). Il s’agit donc d’une constatation de la succession sans fin du jour et de la nuit ainsi que du cycle de la vie des plantes, évoquant aussi l’image de grain (semance) que saint Paul donne en parlant du mode de la résurrection. „À propos du corps, pourqoi doutes-tu qu’il se lève? Le grain est semé et le grain se relève, le fruit tombe et le fruit se lève. Cependant le grain se vêtit de la fleur et s’habille de l’enveloppe, et »il faut que ce corps mortel revête l’immortalité et que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité« (ICo 15,53). Qu’y a-t-il de plus fécond que le repos perpétuel, de plus riche que la sécurité durable? Ce sont là des fruits nombreux que produit en abondance la nature des hommes devenue plus fécondée après la mort” (II, 54). L’image des plantes, de la semence est fréquente chez les écrivains païens (Cicéron, Virgile, Salluste). Le corps de l’homme sera donc ressuscité, comme les plantes. Ambroise développe encore l’analogie, en répondant à certaines objections (II, 56-57). L’argument par analogie se renforce par l’argument a fortiori: Se peut-il que Dieu, qui dans la providence s’intéresse à réparer les arbres, n’ait aucun souci des hommes? Et s’il n’a pas laissé périr ce qu’il a mis à la disposition des hommes, comment peut-il accepter de laisser périr l’homme qu’il a fait à son image? (II, 56) C’est au nom de la foi chrétienne que l’évêque de Milan - comme les autres Pères de l’Église - argumente pour la résurrection: si les autres créatures ont leur „résurrection”, comment l’homme ne l’aurait-il pas, l’homme créé à l’image de Dieu et qui a la vocation de se conformer au Christ? Sans cette dignité et cette vocation, l’homme ne serait qu’une créature parmi d’autres. Et c’est au nom de la foi judéo-chrétienne qu’ Ambroise refuse la réincarnation (II, 130— 131 )I0. Imago Dei - capax Dei: c’est ce qui caractérise l’homme qui surpasse de loin toutes les créatures. C’est le fondement de l’anthropologie crhrétienne. 10 Tran VAN TOAN, l.c. p. 136.

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