Folia Theologica et Canonica 11. 33/25 (2022)

Sacra theologia

DIVES IN OMNIBUS DEUS: UNE INTERPRETATION PLURIELLE... 39 Son raisoimement est le suivant : le temps de PÉglise dans lequel nous sommes est le millénium, période pendant laquelle le diable est enchamé, se­­lon Ap 20, 2 ; mais en ce temps de l’Église oü le diable est enchainé, on voit bien que le mai est encore á l’ceuvre ; done le régne de l’Antéchrist, que l’on attend pour la fin du millénium, conformément á Ap 20, 7-9, est d’une certaine maniére concomitant au millénium, il est déjá commencé, mérne si c’est de fagon plutőt invisible. En demiére analyse, le régne de l’Antéchrist, dans la pensée d’Augustin, est commencé depuis l’origine avec l’apparition de la cité du diable au moment de la révolte des mauvais anges43. D’aprés Augustin, nous sommes d’une certaine fagon maintenant á la fois dans le régne du Christ et dans le régne de l’Antéchrist. A la succession chronologique de l’Antéchrist au Christ, le docteur africain préfére l’opposition typologique entre 1’Anti­christ et le Christ. Mais ceux qui ont succédé á saint Augustin ne l’ont pás entiérement suivi sur cette question. Ils ont été d’accord pour identifier le temps de l’Église et le millénium. Selon eux, le temps de l’Église, c’est le régne des mille ans, main­tenant. Done le temps de l’Église se termine par la Parousie, le jugement et l’entrée directe dans l’étemité. II n’y aura pas de millénium aprés la Parousie. Mais ils ont maintenu une dimension historique forte pour l’Antéchrist, ne suivant pas Augustin sur ce point. L’Antéchrist était bien pour eux un person­nage historique a venir, et pás seulement le mai maintenant dans le coeur des individus44. Cela correspond-il á un besoin incoercible des chrétiens, des hommes en général, de personnifier le mai ? Aprés Augustin, en tous les cas, on s’est mis á attendre la venue de l’Antéchrist, dans une perspective histo­rique. Sur ce point, on était en quelque sorte héritier d’Irénée. Mais on fut en revanche augustinien dans le sens oú l’histoire dévait s’achever au moment de la Parousie du Christ, sans régne des miile ans aprés cet événement. On pen­­sait que l’avénement de l’Antéchrist serait encore un fait historique, mais pás la Parousie du Christ, qui serait, eile, concomitante á l’entrée dans l’étemité, déjá pour ainsi dire dans l’étemité, hors de l’histoire. Ä l’époque médiévale, on a ainsi attendu l’Antéchrist dönt l’imagerie popu­late s’est peut-étre parfois confondue avec celle de la damnation au jugement dernier. Dans les deux cas, il y avait des représentations de diables persécutant 43 Augustin d’Hippone, De civ. Dei XX 1 (BA 37. 181) : Dieu « n’a pás épargné dans leur péché les anges dönt le chef, aprés s’étre ablmé lui-méme, a par jalousie précipité les hommes dans la mine ». 44 Sur Orose et Quodvultdeus, successeurs d’Augustin, voir Pasquier, C., Saint Thomas et I 'escha­­tologie millénariste (I), in Revue Thomiste 117/1 (2017) 27-31. Sur la postérité médiévale augustinienne á propos de l’Antéchrist, voir Lerner, R. E., Refreshment of the saints : the time after antichrist as a station for earthly progress in medieval thought, in Traditio: studies in an­cient and medieval history, thought, and religion 32 (1976) 97-144. Verhelst, D., La préhis­­toire des conceptions d'Adson concernant l'Antichrist, in Recherches de théologie ancienne et médiévale 40 (1973) 52-103.

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