Folia Theologica et Canonica 11. 33/25 (2022)

Sacra theologia

DIVES IN OMNIBUS DEUS: UNE INTERPRETATION PLURIELLE... 33 cues. Deuxiéme : toutes sont en train d’etre vaincues. Troisiéme : toutes ne sont pas encore vaincues. Ainsi tantőt l’Antéchrist disparait devant les notions de péché et de mórt, de mai en général (premiere et éventuellement deuxiéme), tantőt c’est l’inverse : l’Antéchrist prend toute la place, il est le mai par excel­lence, attendu dans un événement présent ou á venir, (deuxiéme ou troisiéme). Assurément, dans ces perspectives, le mai et PAntéchrist sont concomitants et finalement se confondent. Jusqu’á présent également, nous nous sommes situés dans l’optique de l’Aw/é-Christ, le personnage qui précéde le Christ (premiére approche), puis de lMntz-Christ (deuxiéme et troisiéme approches), l’individu qui s’oppose au Christ, le mai qui s’oppose au bien. Avec la quatriéme interpretation, nous repassons résolument a l’Anté-Christ, célúi qui vient avant le Christ. La qua­triéme interpretation est en effet celle d’une victoire progressive, chronolo­­gique, historique sur le mai. C’est une approche diachronique plutőt que syn­­chronique. Elie consiste á prendre au sérieux l’ajout par Irénée de in novissimis temporibus pour l’Antéchrist. A l’intérieur mérne des « demiers temps », les novis temporibus, il existerait ainsi des « tout demiers temps », novissimis temporibus. La victoire sur les quatre animaux se ferait dans une sorte de pro­gression chronologique. Ce n’est pas pour rien qu’Irénée mentionne une suite de quatre animaux et de deux actions. Le péché et la mort seraient effective­­ment détmits á la premiére venue du Christ. Mais l’Antéchrist et le serpent le seraient au second avénement du Christ, á la Parousie. L’Antéchrist serait done bien la manifestation du mal spécifique á la seconde venue du Christ31. Il faudrait alors distinguer entre le mal en son principe et la demiére mani­festation du mal. On répartit ainsi dans notre citation evacuaretur pour Linear­­nation et conculcaretur pour la Parousie. D’un cőté, il est vrai que nous sommes dans la venue, mais de 1’autre il faut bien distinguer entre deux ve­nues. En III, 23, 7, cette deuxiéme action de fouler aux pieds (conculcare) annoncerait ce qui va étre amplement décrit á la fin de VAdversus haereses : la chute de l’Antéchrist par la Parousie du Christ. Cet événement est compris comme encore pleinement historique, car chez Irénée il est suivi, non de l’étemité définitive, mais du régne des justes. II n’est sans doute pas innocent qu’Irénée ait cité Ap 20, 2 dans notre citation-source. Il s’agit justement de la description du début du régne des mille ans selon l’Apocalypse : « Il maitrisa le Dragon, l’antique Serpent - c’est le Diable, Satan - et l’enchaina pour mille années ». Le fait que l’Antéchrist sóit foulé aux pieds par le Christ en sa Parousie entraine la ligature du dragon, l’antique serpent, et l’entrée dans le régne des justes d’une durée symbolique de miile ans. Cette courte citation d’Ap 20, 2 est done un indice supplémentaire pour 31 Badilita, C., (dir.), L ’Antichrist, 13 : Irénée est le premier á avoir vraiment diffusé la tradition de l’Antéchrist comme personnage á proprement parier eschatologique.

Next

/
Thumbnails
Contents