Folia Canonica 9. (2006)

STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie

64 GEORGES RUYSSEN La démarche suivie en matière de c.i.s. en faveur des réformés sera donc plus une approche pastorale de la salus animarum; ceci à la lumière de celle opérée par le Décret sur les Eglises orientales à l’égard des orientaux séparés.178 Une telle approche tient compte “des différentes circonstances individuelles des per­sonnes où ni l’unité de l’Eglise n’est lésée, n’existent des dangers à éviter, mais où la nécessité du salut et le bien spirituel des âmes constituent un besoin sé­rieux” (EO n° 26). Cette reprise du Décret sur les Eglises orientales paraît bien correspondre à une approche de la c.i.s. en faveur des frères réformés, c’est-à-dire une approche modelée sur les circonstances de personnes, de temps et de lieux, dans lesquelles l’accès à un sacrement est demandé. Brian Farrell, ac­tuellement Secrétaire du CPUC, énumère à partir du Décret sur les Eglises orien­tales quatre facteurs théologiques, qui doivent être vérifiés dans la situation per­sonnelle de celui qui demande l’accès à un sacrement: 1° le baptême en tant que lien sacramentel de base; 2° la foi en tant que réponse à la célébration d’un sacre­ment; 3° la bonne foi à l’égard de l’Eglise catholique et 4° la situation de besoin par rapport à un sacrement ou une grâce. Lorsque ces quatre valeurs sont présen­tes dans la situation personnelle d’un oriental séparé, la c.i.s. est possible. Conclusion et observations finales La discipline catholique en matière de c. i.s. est donc essentiellement régie par le double principe régulateur énoncé par le Décret sur l’œcuménisme: celui de la significatio unitatis et celui de la gratia procuranda (cf. UR n° 8). Ces deux concepts se trouvent dans un rapport dialectique et opèrent une tension entre, d’une part, le principe, selon lequel le sacrement - et par excellence 1 ’ eucharistie - exprime, signifie l’unité, la pleine communion ecclésiale dans la foi, les sacre­ments et le gouvernement ecclésiastique et, d’autre part, le principe selon lequel le sacrement— et par excellence l’eucharistie en tant que nourriture spirituelle du fidèle — produit la grâce. En vertu du premier principe de la significatio unitatis, la c.i.s. en faveur des frères séparés n’est pas permissible (principe prohibens), puisqu’il y a un lien in­dissoluble entre communion eucharistique et communion ecclésiale. Il faut être dans la pleine communion de foi, des sacrements et de gouvernement ecclésias­tique pour participer à la table eucharistique, vu que celle-ci exprime, et pour cela présuppose, la pleine communion. C’est pour cette raison que la commu­178 Plus haut, nous avons tout justement souligné comment l’approche du Décret sur les Eglises orientales était moins ecclésiologique, mais plus pastorale et pratique, prenant son point de départ plutôt dans la validité des sacrements ainsi que dans la situation personnelle du frère séparé, que dans le statut ecclésial des Eglises orientales séparées et leur communion étroite avec l’Eglise catholique.

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