Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
62 GEORGES RUYSSEN tance propre et intégrale du mystère eucharistique et qu’elles se trouvent coupées de la succession apostolique (cf. UR n° 22, Communionis Notio n° 17, Dominus Iesus n° 17). Le degré de communion ecclésiale privilégié, qui existe avec les Eglises orientales séparées, disparaît avec les réformés. Dès lors, le type de communion “graduelle” élevée et recommandée, qui à l’égard des orientaux séparés était précisément basé sur une communion ecclésiale étroite (cf. LFR n° 15), bien qu’imparfaite, tout en n’étant pas de nature à obscurcir le principe de la significatio unitatis, n’est pas applicable ici. Le degré d’ecclésialité des Communautés séparées est en soi trop faible ou lacunaire pour fonder une c.i.s. à l’instar de celle en faveur des frères orientaux séparés. Le Décret sur l’œcuménisme ne prévoit d’ailleurs pas, dans sa partie sur les Eglises et Communautés ecclésiales séparées en Occident, le sujet de la c.i.s. Si pour les frères séparés en Orient des normes au sujet de la c. i.s. sont énoncées (cf. UR n° 15), à l’égard des frères séparés en Occident on ne mentionne que le dialogue (UR n° 22).172 II est vrai que la communion sacramentelle ne peut être basée, comme pour les orientaux séparés, sur une eucharistie authentique commune,173 174 dans laquelle est exprimée et signifiée la pleine ecclésialité des Eglises orientales séparées en tant qu’ “Eglises particulières” (cf. UR n° 15). Ceci a pour conséquence de réduire l’étendue de la c.i.s. possible et admissible. Le Décret parle cependant également d’Eglises séparées en Occident, mais ne précise aucune nonne de c.i.s. à leur égard. Même s’il y avait un désir de distinguer entre les Eglises et les Communautés ecclésiales séparées en Occident - ce que le Décret fait implicitement, lorsqu’il ne parle que de Communautés ecclésiales n’ayant pas la pleine unité ecclésiale, n’ayant pas le sacrement de l’ordre et n’ayant pas conservé la substance propre et intégrale du mystère eucharistique (cf. UR n° 22) - le Décret se refuse à tirer les conséquences de cette distinction en matière de c.i.s.174 Au cours des débats conciliaires on s’était cependant efforcé de mentionner l’existence d’Eglises séparées en Occident qui 172 “Il faut donc que la doctrine sur la Cène du Seigneur, les autres sacrements, le culte et les ministères de l’Eglise fasse l’objet du dialogue.” (UR n° 22) 173 Même si UR n° 22 reconnaît que, lorsque ces Communautés ecclésiales “célèbrent à la sainte Cène le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, (elles) professent que la vie consiste dans la communion au Christ et attendent son retour glorieux”. 174 “The answer might be found in remarks made during the Council about the Decree on the Oriental Churches, namely that c.i.s. may be admitted in the East but not in the West, because it could cause scandal and confusion for the people and because of the complexity of the divisions in the West. Another reason might be that exceptions had been made historically in relation to the Orthodox, whereas a similar application of c.i.s. in the West was unknown.” Wijlens, Sharing (nt. 59), 227. Dans le CIC et le CCEO la lacune en ce qui concerne les Eglises séparées en Occident sera comblée dans le sens d’une c.i.s. à l’instar de celle prévue dans le cadre des Eglises orientales séparées.