Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
COMMUNICATIO IN SACRIS DANS L’EUCHARISTIE 53 Il est clair que, si le second principe (gratia procuranda) permet, voire recommande, la c. i.s. en raison du fait que le sacrement est moyen de grâce, dans le but d’aider une âme se trouvant dans le besoin, les effets de la grâce obtenus ne sont pas purement individuels, mais renvoient vers la communauté des croyants dans laquelle le sacrement est reçu, associant le fidèle non seulement au Christ mais, à travers Lui, à “l’unité de son corps qu’est l’Eglise”.140 Dès lors, l’admission de frères séparés à la c.i.s. ne se limite pas qu’à n’être que la réponse de l’Eglise à un simple appel d’aide spirituelle de leur part, bien que n’étant pas non plus le signe de leur pleine communion ecclésiale.141 Néanmoins, “restaurés par le Corps du Christ... ils manifestent, sous une forme concrète, l’unité du peuple de Dieu” (LG n° 11), vers laquelle tend leur baptême. Ce retour vers la communauté des croyants est encore renforcé par la relation étroite qui existe entre la célébration locale de l’eucharistie et la communion ecclésiale tout entière.142 L’Eglise du Christ dans sa totalité est par excellence présente dans chaque Eglise particulière, lors de la célébration de la synaxe autour de l’Evêque.143 Par conséquent, l’eucharistie n’est jamais la célébration de cette seule communauté, aussi importante ou aussi petite qu’elle soit. La lettre Communionis Notio souligne très bien cette ecclésiologie eucharistique:144 140 “Dans la communion eucharistique, nous recevons donc le Christ, le Christ lui-même, et notre union avec Lui... a pour effet de nous associer aussi en Lui à l’imité de son corps qu’est l’Eglise.” IOANNES PAULUS II, Litterae Apostolicae Dominicae Cenae 24 Februarii 1980, AAS 72 (1980) 113-148. Texte français: Lettre apostolique Dominicae Cenae du 24 février 1980, DC 11 (1980) 303. Repris par EE nos23 et 24. Tous les énoncés conciliaires, que nous avons cités, affirment cette orientation, prenons à titre d’exemple l’énoncé de la Constitution Sacrosanctum Concilium sur la nature des sacrements: “Les sacrements ont pour fin de sanctifier les hommes, d’édifier le Corps du Christ...” (SC n° 59). 141 Leur insertion dans la communion ecclésiale se trouvera aussi manifestée dans le témoignage de leur foi catholique en l’eucharistie, comme condition d’accès à la c.i.s. 142 Et ceci à travers la mention spéciale du Pape, de l’Evêque du lieu et du collège épiscopal dans la prière eucharistique. L’unité de l’eucharistie reflète également l’unité de l’épiscopat: “toute célébration de l’eucharistie est faite en union non seulement avec l’Evêque, mais aussi avec le Pape, avec l’ordre épiscopal, avec tout le clergé et le peuple tout entier. Toute célébration valide de l’eucharistie exprime cette communion universelle avec Pierre et avec l’Eglise tout entière...”. (Communionis Notio n“ 14, repris par EE n° 39) 143 “Chaque fois que la communauté de l’autel se réalise en dépendance du ministère sacré de l’Evêque, se manifeste le symbole... de cette unité du Corps mystique... Dans ces communautés, si petites et pauvres qu’elles puissent être souvent ou dispersées, le Christ est présent par la vertu de qui se constitue l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique.” LG nu26. Idem dans SC nu41 : “.. .la principale manifestation de l’Eglise consiste... surtout dans la même eucharistie, dans une seule prière, auprès de l’autel unique où préside l’Evêque entouré de son presbyterium et de ses ministres”. 144 EE n° 34 fait appel à l’ecclésiologie de communion et affirme que “ce n’est pas par hasard que le terme communion est devenu l’un des noms spécifiques de ce très grand sacrement”.