Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
COMMUNICATIO IN SACRIS DANS L’EUCHARISTIE 47 ecclésiale (significatio unitatis), ce qui implique que le partage eucharistique entre chrétiens de différentes confessions ne peut être utilisé comme un moyen, dans le but de forger ou de parvenir à l’unité des chrétiens.122 D’ailleurs le passage ‘'''plerumque vetat” du Décret sur l’oecuménisme123 énonçant le premier principe de la significatio unitatis ne laisse pas de doute: l’admission des frères séparés aux sacrements catholiques ne peut apparaître comme signe en vue de leur pleine communion, mais avant tout comme réponse à un appel d’aide spirituelle de leur part.124 D’ailleurs, la justification théologique pour l’admission des frères séparés à l’eucharistie catholique est celle de la salus animarum, du fait que l’eucharistie est aussi moyen de grâce, nourriture spirituelle.125 Si par ailleurs les Décrets sur l’œcuménisme et sur les Eglises orientales utilisent un langage qui paraît “encourager” la c.i.s. - commendat: recommande (UR n° 8); non solum possibilis sed etiam suadetur, (UR n° 15); ad magis fovendam unionem cum Ecclesiis orientalibus (OE n°26)126 — cela signifie que le partage sacramentel nourrit non seulement le besoin personnel de grâce, mais, opérant un retour 122 “En cualquier caso el texto del Decreto afirma que hay casos (si bien no ordinarios) en los que la comunión in sacris podría ser camino para significar la unidad. Esta afírmación ut talis présenta dificultades teológicas... Pero la dificultad parece insalvable si el supuesto trata de aplicarsea laEucaristía... Nose ve, en efecto, camino teológico que puedajustificar lapartici- pación en la Eucaristia come medio para, con el fin de, significar la unidad.” RodrIguez, “La intercomunión” (nt. 33), 354. 123 , Le Decret sur les Eglises orientales énonce sans ambages que la c.i.s. qui conduit à l’erreur, à l’indifférentisme, au scandale est “interdite par la loi divine” et ne peut léser l’unité de l’Eglise (OE nu 26). Ce qui serait le cas d’une communion “ouverte” utilisée comme moyen, comme “viatique” en cours de route vers la pleine unité. 1-4 Cf. F. COCCOPALMERIO, “La Communicatio in Sacris comme problème de communion ecclésiale”, L’Année Canonique 25(1981) 229. Plus loin, nous soulignerons cependant que la réception d’un sacrement opère toujours un retour vers la communauté des croyants dans laquelle le sacrement est reçu, du fait que le sacrement, et surtout l’eucharistie, incorpore le frère séparé non seulement au Christ mais également dans la communauté des croyants qui ont tous part au même pain. C’est le lien indissoluble entre communion au Corps eucharistique et communion au Corps mystique. La c.i.s. ne peut, dès lors, se réduire à une simple aide spirituelle individuelle. D’ailleurs le besoin spirituel n’est pas séparé du besoin d’une insertion plus grande dans le mystère de l’Eglise et de son unité. Cf. infra. 125 Ceci aura des implications sur l’exigence que le premier principe de la significatio unitatis ne peut être obscurci ou sacrifié par l’admission des frères séparés à la c.i.s. sous couvert de la gratia procuranda. En outre, leur admission à la c.i.s. posera plus spécifiquement la question de la préservation de l’unité de la foi, exprimée dans et à travers l’eucharistie. Dès lors, la condition de la foi des frères séparés en les sacrements sera une condition très importante, pour qu’ils puissent être admis à la c.i.s. 126 Sur la signification propre du terme “suadens”, cf. supra. Le Directoire de 1993 affirme que “les chrétiens peuvent être encouragés à partager des activités et des ressources spirituelles. ..” (LRU nu 102), bien que cela comporte “la prière faite en commun, le partage du culte liturgique au sens strict (suivant LRU n° 116, c’est-à-dire aussi la liturgie non sacramentelle), ainsi que l’usage commun de lieux et de tous les objets liturgiques nécessaires” (LRU nu 103).