Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
38 GEORGES RUYSSEN tière de c.i.s. à l’égard des non catholiques. Si avant, dans le cadre de l’Encyclique Mystici Corporis de Pie XII, l’Eglise catholique concentrait toute ecclésialité sur elle-même (Ecclesia Catholica est Ecclesia Christi), le Concile Vatican II a opéré un approfondissement de cette ecclésialité, la basant davantage sur une incorporation au Corps mystique du Christ par le baptême et la grâce que sur une incorporation juridique, institutionnelle et visible. Le Cardinal Liénart, lors de sa fameuse intervention au Concile, avait précisément demandé que: ...l’équivalence absolue entre Eglise catholique et Corps mystique soit enlevée,... de sorte que l’Eglise du Christ apparaisse moins sous un aspect purement juridique, mais plutôt qu’elle resplendisse pleinement dans sa nature mystique.95 C’est cette approche plus christologique et pneumatologique96 à l’égard de l’Eglise du Christ qui brise l’exclusivité ecclésiale revendiquée par l’Eglise catholique. Celle-ci ne concentrant plus toute l’ecclésialité sur elle-même reconnaît qu’en dehors de son sein existent plusieurs {plura) éléments de sanctification et de vérité, qui sont des dons propres à l’Eglise du Christ et donc de véritables éléments ecclésiaux, tout en rappelant que dans leur plénitude tous les éléments de l’Eglise du Christ ne se trouvent que dans la seule Eglise catholique (cf. LG n° 8 & UR n° 3). C’est la reconnaissance de réalités ecclésiales hors de son périmètre catholique, institutionnel et visible, qui permettra l’ouverture de la c.i.s. traditionnellement “fermée” à l’égard des non catholiques. Cette position “fermée” avant le Concile était tout à fait logique, puisque la c.i.s. touche l’unité de l’Eglise et, vu que Ecclesia Catholica est Ecclesia Christi, la c.i.s. à l’égard des non-membres était en principe rigoureusement écartée, ceci à l’instar de la position orthodoxe.97 Dès le moment que le Concile reconnaît les Eglises orientales séparées comme de véritables Eglises “particulières” et de même attribue aux Communautés issues de la Réforme certains éléments ecclésiaux, faisant que celles-ci ne sont pas dénuées de toute réalité ecclésiale et dont “l’Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir... comme de moyens de salut” (UR n° 3), une attitude dif95 Acta Synodcilia, Vol. I Pars IV 126-127. 96 Nous retrouvons clairement cette double incidence dans LG nü 15 au sujet des chrétiens séparés: “.. .ils sont marqués par le baptême qui les unit au Christ... A cela s’ajoute une véritable union dans l’Esprit Saint, puisque, par ses dons et ses grâces, il opère en eux aussi son action sanctifiante...” 97 En raison du principe classique que les sacrements signifient et expriment l’unité de l’Eglise (les sacrements comme réels symboles de l’unité), la c.i.s. est en principe impossible. Cf. K. Lehmann, “Sui problema dell’Intercomunione: Riflessioni Dogmatiche”, Presenza della Fede, Brescia 1977, 311.