Folia Canonica 9. (2006)

STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie

COMMUNICATIO IN SACRIS DANS L’EUCHARISTIE 29 A partir de cette communion baptismale dans le Christ, se profile une gradua­lité de communion, plus ou moins étroite, avec l’Eglise catholique.66 Il ne s’agit plus du “tout ou rien”.67 En ce qui concerne les Eglises et les Communautés ec­clésiales séparées auxquelles appartiennent les frères séparés, le Décret sur l’œcuménisme reconnaît avec une certaine magnanimité que: Ces Eglises et communautés séparées, bien que nous les croyions souffrir de défi­ciences, ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mys­tère du salut. L’Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir d’elles comme de moyens de salut, dont la force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l’Eglise catholique. (UR n° 3)i,s qu’il pourrait objecter au fait qu’il soit dit qu’il est incorporé dans l’Eglise catholique. Donc une fois de plus, le Décret reconnaît que par le baptême les frères séparés sont incorporés au Christ et se trouvent par là dans une certaine communion avec l’Eglise catholique, tout en lais­sant déborder l’Eglise du Christ des confins juridiques d’une incorporation visible dans l’Eglise catholique. 66 La communion imparfaite se réferre en premier lieu au baptême en tant qu’ incorporation ontologique au Christ et à Son Eglise. Il s’agit donc d’une incorporation au Christ, dans le sens que par l’action de l’Esprit Saint le baptisé accède au salut. Mais il y a également incorporation à l’Eglise, dans le sens d’une participation à la réalité spirituelle et théologique de l’Eglise, ainsi qu’à sa mission (cf. cc. 204/CIC & 7/CCEO). En effet, l’Eglise reconnaît les frères sépa­rés comme des frères dans le Seigneur, formant avec eux le Peuple de Dieu. En ce qui concerne la participation au corps sociétaire et visible de l’Eglise catholique, cette participation n’est cependant pas pleine, mais il y néanmoins une participation graduelle aux structures et aux liens visibles de l’Eglise catholique (le c. 96/CIC parle de communio ecclesiastica), ainsi qu’une dynamique intrinsèque vers la pleine incorporation visible dans la structure sociétaire de l’Eglise catholique. Ce sera suivant le degré de participation ou de communion avec les structures et les liens visibles de l’Eglise catholique (cc. 205/CIC & 8/CCEO), que le frère sé­paré pourra participer à la vie de celle-ci et être titulaire de droits et d’obligations à son égard, également sur le plan de la c.i.s. 67 Lumen Gentium reconnaît qu’en dehors de sa propre communion catholique, les chré­tiens non catholiques “tiennent en honneur la Sainte Ecriture... manifestent un zèle religieux sincère, croient de tout leur cœur... sont marqués par le baptême... et reçoivent d’autres sacre­ments dans leurs propres Eglises ou communautés ecclésiales. Plusieurs d’entre eux jouissent même d’un épiscopat, célèbrent la sainte eucharistie et entourent de piété la Vierge Mère de Dieu... la communion dans la prière... les autres bienfaits spirituels... une véritable union dans l’Esprit Saint...” (LG n° 15). i,s La Déclaration Dominus Iesus insiste à son tour sur le fait que: “Il faut affirmer de ces dernières que leur force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l’Eglise catholique”. CDF, Declaratio de Iesu Christi atque Ecclesiae unicitate et universalitate salvi­fica, Dominus Jesus 6 Augusti 2000, AAS 92 (2000) 742-765. Texte français: CDF, Sur l'unicité et l'universalité salvifique de Jésus-Christ et de l'Eglise, Déclaration de la Congré­gation pour la Doctrine de la Foi, Dominus /esus du 6 août 2000, DC97 (2000) n° 16. Plus loin Dominus Iesus suivi du numéro de paragraphe.

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