Folia Canonica 9. (2006)

STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie

COMMUNICATIO IN SACRIS DANS L’EUCHARISTIE 21 ceux qui confessent Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur ou ceux qui discer­nent dans la Cène le Corps et le Sang du Christ44. Déjà en 1954 lors de son Assemblée à Princeton l’Alliance Réformée mondiale déclarait: Nous invitons et accueillons avec joie à la table de notre commun Seigneur les membres de toutes ces Eglises (les Eglises qui, selon la Bible, reconnaissent Jé­sus-Christ comme Seigneur et Sauveur). Nous croyons que nous n’avons pas le droit de refuser ce sacrement à quiconque est baptisé, aime Jésus-Christ et le confesse comme son Seigneur et Sauveur.45 La foi partagée dans le Christ et le baptême constituent, dès lors, les critères d’admission à la communion sacramentelle et eucharistique. Notons cependant que ce point de vue réformé, très différent de la vision orientale séparée et catho­lique sur l’union indissoluble entre la communion eucharistique et la commu­nion ecclésiale, est basé sur 1 Cor. 10,16-17: “Le pain que nous rompons n’est-il pas une communion au Corps du Christ? Puisqu’ il y a un seul pain, nous sommes un seul corps, car tous nous participons à cet unique pain.” Pour les catholiques et les orientaux séparés, recevoir le Corps et le Sang du Christ n’est pas seule­ment une communion individuelle avec le Christ. Ceci implique nécessairement aussi une communion ecclésiale. Ce point de vue était traditionnellement aussi partagé par les Communautés de la Réforme, comme le soulignait le Cardinal Walter Kasper dans son intervention devant la Fédération Réformée de France: La communion eucharistique fonde et détermine la communion ecclésiale... Ainsi l’union entre communion eucharistique et communion ecclésiale était jusque dans les années 70 un bien commun de toutes les Eglises, y compris celles 44 Cependant l’Eglise réformée de France a adopté en mai 2001 lors du Synode national à Soissons deux résolutions sur les sacrements, qui permettent l’accès à la Cène pour des enfants et des adultes non baptisés. Ceci fut d’ailleurs vivement critiqué par la Commission épisco­pale pour l’Unité des chrétiens (de la Conférence épiscopale de France) par le biais de son Pré­sident F. Saint-Macaray, Archevêque de Rennes: “Il n’est donc pas acceptable que des non-baptisés, même à titre d’exception, puissent être admis à l’eucharistie... Donner accès à la Cène sans baptême ne peut qu’introduire la confusion dans les esprits des croyants... Cela signifierait un glissement dans la théologie du baptême (et) un recul évident sur le chemin de l’unité.” Commission épiscopale pour l’Unité des chrétiens, Réflexions de la Commis­sion épiscopale pour l'Unité des chrétiens sur la décision du Synode réformé relative au bap­tême et à la Sainte Cène, DC 98 (2001) 848-849. 45 ALLIANCE Réformée MONDIALE, Déclaration de la 17e Assemblée de l’Alliance Ré­formée mondiale de Princeton (USA) 1954, DC 70 (1973) 170. Dans le même sens: “Pour mieux manifester cette Eglise ouverte aux hommes, nous nous réjouissons d’accueillir à la communion du Seigneur tous ceux qui, membres ou non de notre Eglise, veulent s’en appro­cher en discernant dans la Cène le Corps et le Sang du Christ.” Synodenational de l’Eglise RÉFORMÉE DE France, Décision du Synode national de l’Eglise Réformée de France d’Orthez 1963, DC 70 (1973) 170 et Assemblea comune dellechiese luterane e rifor- MATE DI Francia, La Cena del Signore, Accordo di Liebfrauenberg, 22 marzo 1981, EO vol. II nu 664: “Questa incorporazione nella chiesa universale ci autorizza a invitare a partecipare alla cena tutti coloro che confessano Gesù Cristo crocifisso e risorto per noi.”

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