Folia Canonica 5. (2002)
BOOK REVIEWS
314 BOOK REVIEWS Le chapitre premier s’attache à dresser le portrait des principaux négociateurs et signataires du Concordat, tant du côté du Saint-Siège que de celui du gouvernement français (p. 17—42). Le chapitre II rappelle les différentes étapes de la négociation (p. 43—72), marquées par de vives tensions qui ont conduit à plusieurs reprises au bord de la rupture. L’auteur s’appuie ici sur les Mémoires du cardinal Consalvi. Le Saint-Siège s’est montré prêt à consentir de gros sacrifices, car l’enjeu était de taille. Par exemple, en acceptant de demander à tous les évêques en place de présenter leur démission, ce qui était quelque chose d’absolument inédit, le cardinal Consalvi savait que les libertés et les privilèges de l’Église de France allaient disparaître, et avec eux le gallicanisme, ce qui ne manquerait pas d’affermir le pouvoir du pontife romain sur l’Église de France. Le coup de force tenté à la dernière heure par le Premier Consul faillit tout faire échouer. Mais il eut l’avantage d’alarmer les ambassadeurs présents au dîner qu’il donnait en l’honneur de la fête nationale, le 14 juillet. En effet, s’emportant Bonaparte déclara que si Henri VIII avait pu changer la religion en Angleterre, lui, bien plus puissant que ce roi, pourrait en faire autant et que, «en changeant la religion en France, je la changerai dans presque toute l’Europe, partout où s’étend l’influence de mon pouvoir». Le comte de Cobenzel, ambassadeur d’Autriche, réussit à obtenir une nouvelle séance de négociations, dans l’espoir d’éviter une telle révolution à l’Europe, qui se trouverait alors forcée de rompre avec le Saint-Siège. Joseph Bonaparte, frère du Premier Consul joua l’apaisement et rédigea, avec le cardinal Consalvi, une nouvelle version de l’article 1er, si litigieux: «La religion catholique, apostolique et romaine, sera librement exercée en France. Son culte sera public, en se conformant aux règlements de police que le gouvernementjugera nécessaires pour la tranquillité publique», la proposition en italiques étant ajoutée au texte que Bonaparte voulait imposer et était destinée à écarter tout arbitraire dans l’application du Concordat. Le chapitre III fournit le texte de la convention et celui de l’annexe française (p. 73-89), c’est-à-dire les 77 Articles organiques rajoutés unilatéralement en 1802 par Bonaparte (qui donnent la liste de la circonscription des nouveaux archevêchés et évêchés de la France). Le chapitre suivant porte sur «la mise en œuvre du Concordat» (p. 91-109), marquée par la démission des évêques d’Ancien Régime, afin de permettre la réorganisation des circonscriptions ecclésiastiques et la nomination des nouveaux titulaires. Le pape Pie VII nomme le cardinal Caprara son légat a latere auprès du Premier Consul, avec des pouvoirs très étendus pour régler les affaires ecclésiastiques en France, pouvoirs qu’il n’hésitera pas à élargir lui-même en acceptant de sacrer des évêques constitutionnels dont il s’était gardé de s’assurer de leur réconciliation avec Rome. En définitive, Bonaparte avait réussi à imposer une paix religieuse, dont il sentait bien qu’elle répondait aux aspirations de la population et qui lui importait pour sa tâche de reconstruction de la France. Quant au Saint-Siège, le prix payé était éle-