Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 87. (Budapest, 1997)
EÖRSI, ANNA: Fuit enim Maria liber. Remarques sur l'iconographie de l'Enfant écrivant et du Diable versant l'encre
Vierge de Kykkos (1080-1130, Sinaï, cloître Sainte-Catherine), qui embrasse l'ensemble de l'histoire de la Rédemption. 23 A mon sens, les prémisses des représentations de l'Enfant écrivant doivent être recherchées dans ces rouleaux symbolisant le corps de la Vierge, aussi bien que dans les textes y relatifs. Plusieurs passages de la Bible permettent d'identifier la Vierge à un rouleau ou à un livre (Isafe VIII, 1 : liber grandis ; Is aïe XXIX, 1 1 : liber obsignatus ; Ezechiel II, 8 : liber involutus ; Matthieu I, 1 : liber generationis ; Apocalypse V, 1 : liber signatus, etc.). 24 Epiphane de Salamine (t 403) voit dans la grande tablette d'Isaïe VIII, 1, le sein immaculé de la Vierge, portant l'écriture de Dieu lui-même. 25 Saint Jérôme (t 419/ 420) affirme aussi qu'Isaïe VIII, 1, n'est autre chose que la formulation imagée de la conception immaculée, et que le Fils né de la Vierge est écrit en caractères ordinaires sur la table. 26 Jacques de Sarouge (t 521 ) écrit : « La Vierge nous apparut comme une lettre scellée, recelant les secrets et les profondeurs du Fils. Elle nous livra son corps saint comme une feuille vierge, sur laquelle s'écrivit corporel lement le Verbe lui-même. Le Fils est le Verbe, et elle [la Vierge] est... la lettre, par laquelle tout le monde fut pardonné. » 27 L'évêque André de Crète (f 740) estime que Yécrit scellé d'Isaïe XXIX, 11, est un livre renfermant un secret tout nouveau, et que le Verbe divin a été tracé « par une verge propre à l'homme » dans ce livre, c'est-à-dire dans la Vierge. 28 Un des principaux animateurs du mouvement bénédictin au XII e siècle, Pierre de Celle (t 1183) dit que la Vierge est un livre dont la couverture porte la marque de son humilité, et les pages celle de sa chasteté. 29 Marie-livre fut faite du « parchemin du premier homme », c'est-à-dire d'une peau rude souillée par le péché originel. Cette peau fut ensuite nettoyée par les vertus pour le « scribe invisible » : le courage et la force firent disparaître le poil poussé après la Faute, tandis que la discipline et la mesure servirent de pierre ponce pour éliminer définitivement toute impureté léguée par Adam. Les lignes furent tracées par l'équité, qui guida ainsi les pas de la Vierge sur les voies secrètes de la justice du Seigneur. La sagesse était la main qui écrivit, cependant que l'encrier et l'encre furent fabriqués des épines de la race de David. 30 Le Saint23 The Glorv...op.cit.. n" 244. p. 372. fig. 244. 24 Schreiner, K., »... wie Maria geleicht einem puch. » Beiträge zur Biichmetaphorik des hohen und späten Mittelalters. Archiv für Geschichte des Buchwesens 11(1970) pp. 1437-1464 ; id.. Marienverehrung, Lesekultur, Schriftlichkeit. Bildungs- und frömmigkeitsgeschichtliche Studien zur Auslegung und Darstellung von « Maria Verkündigung », Frühmittelalterliche Studien 24 ( 1 990) pp. 314-368. id. Maria Jungfrau. Mutter. Herrscherin. München 1994,pp. 154—172. J'exprime mes remerciements à Zsuzsa Urbach pour avoir attiré mon attention sur ce livre. 25 Epiphane. Panarion huer. 3031. V. Schreiner, op. cit.. 1990, p. 357. 26 Hieronymus, Commentariorum in Isaiam Prophetam lihri 3, c 8 PL. 4. col. 114. Cité par Schreiner, op.cit., 1990. p. 357. 27 Kalinowski, op. cit. (n, 18). p. 166. 2K Homilia II. in nativitatem B. V. Mariœ, PG. 97. Cité par Schreiner, op.cit.. 1 970. p. 144 1 ; Schreiner, op.cit., 1990. p. 357. 29 Petri Cellensis Sermo XXVI In Annuntiatione dominica V. PL. 202, col. 718 : « Virgo Virginum... hic designalur per librum intus et foris scriptum ; foris humilitate. intus castitate ». 111 « Jam manum ad scribendum apponit prudentia : atramentarium et incaustum de spinis Davidici seminis in Genealógia Matthsi evangélista 1 . » Ibid.