Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 85. (Budapest, 1996)
PASSUTH, KRISZTINA: M. H. Maxy, figure clé de la peinture roumaine du XXe siecle et l'avant-garde internationale
parfaitement équilibré, a l'apparence d'une peinture. Il est évident que les deux artistes se trouvent très proches l'un de l'autre en matière de philosophie et de conception, et que l'exigence de matérialité est devenue pour eux l'un des critères fondamentaux de l'expression artistique. Naturellement, l'artiste roumain eut l'occasion de voir des œuvres russes à Berlin, notamment lors de la manifestation grandiose de l'avant-garde, organisée en octobre 1922 à la Galerie van Diemen sous le titre «Première exposition artistique russe» 48 où figuraient entre autres les créations de Tatline, Gabo, El Lissitzky, Oudalcova. Il fut évidemment séduit par le nouveau radicalisme en peinture, différant fondamentalement de toutes les tendances précédentes, y compris l'art prismatique de Segal. L'influence subie à Berlin ne se manifeste à proprement parler dans ses créations qu'après son retour à Bucarest, et elle ne se limite pas aux tableaux mais imprègne également bon nombre de ses dessins, scénographies, écrits théoriques et manifestes. * Bien qu'en comparaison internationale et dans l'acception du constructivisme russe original, Maxy ne puisse absolument pas mériter l'appellation de constructiviste, il est accueilli comme tel à son retour en Roumanie, et assume lui-même ce qualificatif. Dans un certain sens, il obéit en cela à ce qu'attendent de lui les artistes roumains les plus radicaux, pour lesquels en 1923 constructivisme et avant-garde sont devenus des notions interchangeables. Les créations de Maxy - en premier lieu celles nées de 1923 à 1926 à Bucarest - s'intègrent dans le courant du constructivisme international. 49 Cette tendance constitue la deuxième vague de l'abstraction géométrique, pénétrant en Europe centrale, dont avant tout à Berlin, à partir de 1921-1922 en grande partie à l'initiative du constructivisme russe et, souvent, avec le concours direct des maîtres russes (El Lissitzky, Naum Gabo, Antoine Pevsner). La situation historique, politique, géographique donnée permet à Berlin (ainsi qu'à Weimar, Dessau etc.) d'avoir, dans les années 1920, un rayonnement comparable à celui de Paris, une décennie plus tôt. C'est par le truchement de Berlin que l'art russe, allemand et international d'Allemagne se diffuse vers différents centres régionaux, Bucarest, Varsovie ou Belgrade. A Bucarest, le principal ou - stricto sensu - unique représentant du constructivisme international sera précisément Maxy, car Jancu, de par son activité antérieure, s'attache davantage au dada. Après son retour en Roumanie, ce dernier renonce en outre à l'application de sa précédente conception de l'abstraction géométrique dans les beaux-arts, et se contente de la faire valoir et de la réaliser dans le domaine architectural. Ses tableaux d'époque se caractérisent par un curieux mélange de styles cubisant, décoratif et figuratif, correspondant mieux au goût du public roumain d'alors et qui paraissent moins provocants que ceux de Maxy. 48 Erste Russische Kunstausstellung, Galerie van Diemen Berlin, octobre 1922, cf. Richter, H., in Stationen der Moderne, Kommentarband, Cologne 1988, pp. 95-103. 49 Concernant le constructivisme international cf. : Bann. S., Russian Constructivism and its European Resonance, in Art into Life, Russian Constructivism 1914-1932, Cat. Washington 1990, pp.2 13-222.