Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 85. (Budapest, 1996)

FÁY, ANDRÁS: Le dilemme d'une mise au jour. La restauration de VAutoportrait d l'artiste avec sa femme et son fils par Johann Kupezky

breux échecs dans sa vie privée. L'harmonie paisible qui émane de l'autoportrait de famille reflète davantage l'aspiration de l'artiste que la réalité vécue. 12 Mais ses con­flits répétés avec son épouse ne l'empêchèrent pas de tenir à elle et de s'efforcer de maintenir la cohésion de la famille, en lui prodiguant ses soins de manière exemplaire. Pour preuve, il suffit de citer les nombreux portraits de sa femme plus excellents les uns que les autres. L'un d'entre eux date de 1711 et on y voit l'artiste en train d'exécuter le portrait en demi-profil de sa femme qui se retourne en arrière (Prague, Národní Galerie). Le portrait de Susanne qui est le plus proche de celui de Budapest, la montre égale­ment de demi-profil, mais elle tient aussi un livre à la main (Munich, Alte Pinakothek). La draperie qui retombe de la tête de la jeune femme ressemble beaucoup à celle que porte la figure féminine du triple portrait; mais la différence est que le portrait de Mu­nich représente l'épouse de Kupezky toute seule et elle y paraît plus jeune. La peinture se réfère probablement à un événement mémorable de sa vie, notamment à sa conver­sion à la foi protestante et, dans cette hypothèse, le livre qu'elle tient à la main doit être l'ouvrage du théologien luthérien, Johann Arndt, intitulé «Vier Bücher vom wahren Christentum». 13 Par contre le triple portrait de Budapest, avec sa composition symétri­que, souligne l'appartenance de Madame Kupezky à la famille, accentuée encore par le geste des mains : les doigts de l'enfant touchent les mains des parents, et les mains de ceux-ci se touchent aussi. Ici Kupezky place son propre portrait dans la moitié droite du tableau, comme «peintre au travail» avec pinceaux et palette en main. Parmi les autoportraits de l'artiste se rattachant à sa période de Vienne, trois méri­tent d'être relevés et mis en parallèle avec l'autoportrait de Budapest. Les traits du visage ressemblent fort à ceux de la double représentation de Prague, qui date de 1711, et où le peintre exécute le portrait de sa femme. On y voit Kupezky le visage rasé, coiffé d'un béret rouge sombre et vêtu d'une cape. Malgré les sept années écoulés entre la création des deux tableaux, nous voyons deux visages d'un âge quasiment identique. La mise en place des deux figures est tellement semblable que l'une pourrait être la version inversée de l'autre, si bien que même les visages sont identiquement vus, légérement d'en bas, car la ligne de fuite est fixée au centre de la composition. L'autre œuvre se prêtant à la comparaison est un autoportrait signé qui date de 1709 (Vienne, Österreichische Galerie Belvedere, fig. 10). Sa copie d'atelier est conservée à Prague, et à quelques menus détails près, elle est très fidèle à l'original. Ici Kupezky a l'air plus jeune, son visage est plus mince et on le voit presqu'entièrement de face. D'un coloris vif, il est caractérisé par le contraste des rouges et des bleus (béret rouge 12 Nous savons également par Fiissli que Susanne noua une liaison amoureuse avec un certain prédica­teur danois, dénommé Ephraim Schlickeisen. La chose arriva pendant l'absence prolongée de l'artiste ayant séjourné à Dresde. Il demanda alors à Schlickeisen de prendre soin de sa femme enceinte. Le prédi­cateur abusa de sa confiance et causa par là de nombreux ennuis à la famille de l'artiste. Plus tard, il suivit les Kupezky à Nuremberg et resta à leur proximité. Un an après la mort du peintre en 1740, Schlickeisen épousa sa veuve. V. Dvorak, F., Kupezky. Der grosse Porträtmaler der Barocks, Prag 1956, pp.38, 43. 13 Après son adultère, la femme de Kupezky se convertit au protestantisme, c'est en signe de repentir qu'elle tient à la main le livre en question. Sur le «portrait repentant» voir Dvorak, op.cit. p.38 et Safafik, op.cit. p. 5 1.

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