Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 85. (Budapest, 1996)
BÁNFFY, ESZTER: Nouvelles trouvailles de la civilisation Vinca dans la collection des Antiquités
que la tête même pouvait être changée. 26 Chacune de ces statuettes devait être «muette», les masques n'avaient jamais de bouche. On ne connaît pas la signification des statuettes en argile, mais il est certain qu'elles ne représentaient pas d'objets à destination purement décorative, mais des objets «usuels», même si l'usage n'en était pas lié à la production de la nourriture et à la vie quotidienne dans le sens profane. La possibilité de modifier la tête et le corps, de changer le vêtement, ainsi que les nombreuses traces d'usure indiquent que les idoles ont joué un rôle actif dans une série d'actions. Ils n'étaient utilisés que dans les habitats, certains en ont été trouvés à l'intérieur des maisons, non loin du foyer, en compagnie d'autres objets également comme objets cultuels, mais la majorité en sort de fosses, parfois de fosses de sacrifice, mais généralement de simples fosses à déchets. Ils doivent être considérés comme des objets cultuels, encore que nous n'ayons pas beaucoup d'informations sur l'essentiel de ce culte. Le grand nombre des idoles de Vinca et la fréquence des pièces cassés 27 permet aussi de supposer que la série de cérémonies dans lesquelles les statuettes jouaient un rôle se répétait fréquemment, et qu'une fois utilisés les accessoires en furent chaque fois brisés, enfouis sous terre ou jetés dans la fosse à déchets. Il est important de noter que chaque idole découverte jusqu'à ce jour provient d'un habitat, aucune n'a été livrée par une sépulture. Cela vaut aussi - à quelques exceptions près - pour l'ensemble de la sculpture cultuelle du néolithique dans le Sud-Est de l'Europe. En interprétant le phénomène il nous semble plus utile de partir de l'analyse des circonstances connues de leur découverte que de se perdre dans des considérations d'ordre général de valeur nécessairement incertaine souvent avancées par les auteurs. Les idoles ont été mises au jour à l'intérieur de maisons d'habitation, dans la plupart des cas ensemble avec de petits autels en argile, des maquettes de maison et de vases à forme humaine, non loin du foyer ou dans le coin «cultuel», écarté. 28 La présence de trouvailles en rapport avec le culte dans à peu près toutes les maisons d'habitation du néolithique indique que la vie cultuelle à cette époque ne se déroulait 26 Comme dans la civilisation de Rachmani (Thessalie) du cuivre ancien puis dans la civilisation de Baden, v. Kalicz, N., Die kopflosen Idole der Badener Kultur und ihre südliche Beziehungen, in XI. Internationales Symp. Uber das Spätneolithikum und die Bronzezeit, Xanthi 1981. pp. 232-256; Weisshaar, H.J.. Die deutschen Ausgrabungen auf der Pevkakia Magula in Thessalien I. Das späte Neolithikum und das Chalkolithikum. BAM 28 (1989). 27 Rien que le type tell de Vinca a livré plus de 1300 idoles mais le nombre des spécimens intacts est insignifiant. Le rapport entre idoles fragmentaires et idoles intactes est le même dans les autres civilisations néolithiques et de l'âge du bronze dans le Sud-Est de l'Europe, et la casse volontaire est tout à fait évidente. Voir encore le relevé statistique de Milojkovic de l'agglomération de Selevac : sur 339 idoles mises au jour, 4,2% seulement sont intactes. Milojkovic, op.cit. (n. 5) p. 407. 28 Sur les petits autels en argile v. Bánffy, E., Cult objects of the Lengyel culture. Connections and interpretation, Archaeolingua SM, Budapest 1996; sur le coin cultique v. Bánffy E., Cult and'archaeological context, in central and South Eastern Europe in the Neolithic and the Chalcolithic, Antaeus 19-20 (199091 ) pp. 183-250. Bánffy, E., Anthropomorphic figurines in cult corners of neolithic houses, in La statuaria antropomorfa in Europa dal neolitico alla roinaniz.zaz.ione. Atti del congresso La Spezia-Pontremoli 1988, La Spezia 1994.