Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 84. (Budapest, 1996)
ZENTAI, LORÁND: Un dessin inédit de Franceso Vanni
à la plume des Offices (fig. 32), et elle réapparaît ensuite sous une forme plus élaborée à l'intérieur du Portement de Croix (fig. 34 et Louvre n°1607). C'est sur ce point que les deux esquisses de groupe de Budapest ont dû s'insérer dans l'élaboration de la composition. Le groupe de gauche, tout en conservant la disposition des figures déduisible du modèle corrégien, représente déjà une Marie-Madeleine serrant sa gauche contre la tête. Le groupe de droite la montre encore la même main tendue en avant, mais déjà les têtes des deux figures y sont disposées au même niveau - cette dernière solution n'a d'ailleurs été développée par Vanni que dans une unique feuille (fig. 33). Il semble donc que les deux groupes aient induit des changements en deux directions : à savoir, que l'artiste a développé le nouveau geste observé dans l'esquisse de gauche, (le bras serré contre la tête), sans modifier les rapports originaux entre les figures, notamment dans certaines feuilles de la Biblioteca Comunale (S.III. 10.2v) et des Offices (4811 S) etc., tandis qu'il a choisi de mettre le niveau des têtes à la même hauteur et a combiné cette solution avec la nouvelle formule de pathos dans d'autres dessins des Offices (4717 S) et de la Biblioteca Comunale (S.III.9.36v) etc. Compte tenu de son style, de son iconographie et des procédés y employés, le dessin du Musée des Beaux-Arts s'intègre organiquement dans l'ensemble graphique étudié plus haut et dont l'auteur est Francesco Vanni. Cependant, l'inscription «B. Folli», peintre siennois contemporain - au bas de la feuille exige que l'on effectue également la comparaison avec l'œuvre identifiable de Sebastiano Folli (1569-1621). Le style de cet artiste porte, comme celui de Vanni, la marque des traditions siennoises antérieures, celle des représentants classicisants de la seconde Renaissance épanouie au nord et au centre de l'Italie, des tendances maniéristes modérées de la fin du siècle à Rome et, le plus directement, de son exemple préféré, Ventura Salimbeni (1568-1613), demi-frère de Francesco Vanni. Leurs dessins ont souvent été confondus dans les Offices mais surtout dans la Biblioteca Comunale de Sienne en conséquence d'attributions plus d'une fois apocryphes provenant d'anciens collectionneurs. Une tentative pour jeter une lumière sur l'activité et le style de dessin de Folli vient d'être entreprise par les experts et selon les résultats de leurs observations les plus récentes, les œuvres sûrement exécutées par l'artiste montrent que sa manière, sa technique sont plus lourdes, sa facture est plus hésitante et plus schématique que l'art vivant, accompli et brillant de Vanni." Son nom fut inscrit probablement plus tard sur le dessin de Budapest qui, un temps, put même se trouver en sa possession. Cette hypothèse est étayée par de nombreux documents écrits et autres pièces à conviction attestant les étroits liens de coopération entre les trois artistes, Vanni, Salimbeni et Folli, dans les deux premières décennies du XVII e siècle. 12 11 A titre récapitulatif : Cairola, A., Sebastiano Folli 1568-1621, délia crisi del manierismo al Seicento senese, Siena 1956 ; Capresi Gambelli, D., in Varie a Siena sotto i Medici 1555-1609, cat. Siena 1980, pp. 163-167 ; Bagnoli, A., Alcuni disegni sicuri di Sebastiano Folli, in Per A.E. Popham, Consigli Arte, Parma 1981, pp.97105. Le dessin de Budapest est reconnu comme une œuvre de Francesco Vanni tant par P.A.Riedl (dans sa lettre datée du 4 juin 1990) que par A. Bagnoli (dans sa lettre datée du 25 août 1994). 12 Selon des sources concordantes du XVII e siècle, le tableau d'autel (Madonna in Gloria con il Bambino e santi) de la Chiesa di Santa Maria degli Angeli detta il Santuccio à Sienne fut commencé en 1610 par Vanni avec la collaboration de Salimbeni, puis après leur mort survenue en 1614, achevé par Folli, cf. Mostra di opère d'arte restanrate nelle province di Siena e Grosseto 1H-1983, cat. Siena, Genova 1983, pp.20 1-204, n°59.
