Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 83. (Budapest, 1995)
NÉMETH. ISTVÁN: Fille assoupie. Contribution a l'interprétation d'un tableau attribué a Jacob Duck
forcément la négligeance et la paresse. 9 Visiblement, le motif du sommeil comme symbole de la paresse s'attache bien souvent dans les arts hollandais jusqu'au XVIII e voire XIX e siècle à la figure caractéristique de la bonne. 10 Dès 1494, nous pouvons lire dans le Narrenschiff de Sebastian Brant que les servantes sont particulièrement enclines à la fainéantise, jugement négatif passablement répandu au XVII e siècle selon une série d'exemples pouvant être tirés de la littérature hollandaise de ces temps." Or le protagoniste de la scène de genre concernée au Musée des Beaux-Arts ne correspond pas au type de bonne mentionné plus haut et, ici, le théâtre n'est pas la cuisine. D'autres motifs susceptibles de permettre de classer sans conteste l'œuvre en question parmi les allégories de la Paresse y sont de même inexistants. Evidemment, le motif du sommeil peut appeler également d'autres associations, et avoir d'autres significations. Ainsi les tableaux de Jan Steen de la série intitulée Ménage dissolu sont souvent peuplés de figures de femme assoupies. Mais ces scènes d'une tonalité satirique représentent moins la paresse que la fainéantise, ou plus exactement les conséquences négatives de la négligeance et du laisser-aller. 12 "Leecheyt is moeder van aile quaethede" (c'est-à-dire La paresse est mère de tous les maux), dit un proverbe hollandais fréquemment cité, et du bas Moyen-Age au XVII e siècle, les moralistes étaient toujours d'avis que la fainéantise constitue la source d'autres vices, que les gens paresseux ont tendance plus que d'autres à boire beaucoup, à manquer de mesure en toutes choses et que la mollesse aiguise le penchant aux plaisirs des sens. 13 On ne s'étonnera donc pas de voir dans de nombreuses représentations de l'époque le motif du sommeil étroitement associé à l'état d'ivresse. La gravure réalisée par Hendrick Bary d'après un dessin de Frans van Mieris l'Ancien daté de 1664 en constitue l'un des exemples les plus éclatants (fig. 50). Dans la même catégorie entrent en outre de nombreux tableaux de Jan Steen ou la célèbre Dormeuse de Vermeer au Metropolitan Museum of Art 9 London, The National Gallery, n" d'inv.: 207, huile sur bois, 70 x 53,3 cm. Sur ce tableau de Maes: Tat Lering en Vermaak, op.cit. (n.6) pp. 145-147.; MacLaren, N.-Brown, C, National Gallery Catalogues. The Dutch School 1600-1900, London 1991, pp. 241-242. Dans la même catégorie iconographique peut être rangée entre autres l'une des toiles de Jacob Tootenvliet à un collectionneur privé allemand où l'on voit aussi des bonnes endormies négligeant leurs devoirs. Sur le tableau susmentionné des Toorenvliet v. Europäische Malerei des Barock aus dem Nationalmuseum Warschau, Kat. Braunschweig 1988-1989, pp. 137-140; sur le tableau de Boursse v. Holländische Malerei aus Berliner Privatbesitz, Kat. Berlin 1984, n° 8. 10 En guise d'illustration v. le tableau de genre de Peter Jacob Horemans l'Ancien daté de 1765: Peter Jakob Horemans (1700-1776) Kurbayerischer Hofmaler, Kat. München 1974, pl. 22/2 t., Schlafendes Küchenmädchen. Et un exemple du XIX e siècle: Almának voor het schoone en goede voor 1827, Amsterdam 1827, p.51, qui montre une fille de cuisine négligeant ses devoirs qui dort accoudée à la cheminée; reproduite in: Tot Lering en Vermaak, op.cit. (n.6) p. 146. 11 Brant, S., Das Narrenschiff', (Basel 1494) Leipzig 1986, p.284. Au sujet des bonnes dans la littérature hollandaise du XVIL siècle v. Schama, S., Wives and Wantons: Versions of Womanhood in 17th Century Dutch Art, Oxford Art Journal 3(1980) pp. 5-13; Schama, S., Overvloed en onbehagen. De Nederlandse cultuur in de Gouden Eeuw, Amsterdam 1988, pp.457-461. 12 Salomon, N„ Jan Steen's Formulation of the Dissolute Household, Sources and Meanings, in Holländische Genremalerei im 17. Jahrhundert, {Symposium Berlin 1984) Jahrbuch Preussischer Kulturbesitz., Sonderband 4., Berlin 1987, pp.315-343. 13 Renger, K.. Lockere Gesellschaft. Zur Ikonographie des Verloren Sohnes und Wirtshausszenen in der niederländischen Malerei, Berlin 1970, pp.84-87.