Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 74. (Budapest, 1991)
LOCHMAN, TOMAS: Deux reliefs anatoliens
lui-même. 3 Cette interprétation est permise par la différenciation systématique des sexes des animaux que l'on peut observer sur toutes les stèles de la plaine du Haut Tembris destinées à des couples : comme sur la stèle de Budapest (fig. 3), le fauve de droite est toujours une femelle et celui de gauche un mâle. De la même façon, sur les reliefs figurant des couples en buste ou en pied, l'homme est représenté à gauche et la femme à droite. L'adéquation parfaite entre le sexe des défunts et celui des fauves apparaît d'ailleurs sur les stèles destinées à des personnes seules. Ainsi, la stèle B (fig. 4), présente un seul lion, du sexe masculin, à l'image de son destinataire, le père — non nommé dans l'inscription restante — des deux frères. Comme les défunts sont symbolisés par des lions déchiquetant une proie, nous pouvons entendre qu'ils ont pris le parti des animaux vainqueurs et qu'ils deviennent ainsi « les maîtres de leur propre destin ». 4 Par ailleurs, le rapprochement entre les animaux et les défunts revêt en Phrygie une dimension supplémentaire. Dans cette région où le culte de la déesse Cybèle a vu le jour et connaît une forte implantation, l'évocation des défunts par des lions rappelle tout naturellement les deux animaux acolytes de la déesse. 5 Sur les stèles, la fréquence des couples de lions révèle certainement le désir des défunts/commanditaires d'accéder aux sphères divines de Cybèle, conformément à la suggestion déjà ancienne de Ramsay. 8 La provenance Comme de très nombreux parallèles de provenance assurée tendent à l'indiquer, le fragment au couple de lions (stèle A) trouve certainement son origine dans la plaine du Haut Tembris (Porsuk), 7 au Nord-Ouest de la Phrygie (voir la carte). C'est d'ailleurs un relief de cette région, conservé au Musée de Kütahya, qui offre les parentés stylistiques les plus frappantes avec celui-ci. 8 :i A ce sujet v. Lochman, T., «Eine Gruppe spätrömischcr Grabsteine aus Phrygien», in Berger, E., (Ed.), Antike Kunstwerke aus der Sammlung Ludwig 3. Skulpturen, Mayence 1990, pp. 501-506. L'identification des personnages avec des lions (ou même des aigles) est attestée par des inscriptions provenant de régions limitrophes de la Phrygie (Isaurie et Lycaonie) ; v. Kubiiiska. J.. Les Monuments funéraires dans les inscriptions grecques de VAsie Mineure, Varsovie 1968, pp. 61-62. 4 Selon Cumont. le lion est le signe zodiacal symbolisant l'été et le taureau le printemps : la victoire du lion sur le taureau évoquerait ainsi, pour l'auteur, la fin du printemps et de ses forces végétatives par la chaleur de l'été ; v. Cumont, Fr., Les religions orientales dans le paganisme romain, Paris 1929, 1 p. 222 n. 7. 5 Cf. le sanctuaire de Cybèle d'Arslan kaya, VI e s. av. J.-C. dans Haspels, C.H.E., The Highlands of Phrygia. Sites and Monuments, Princeton 1971, pp. 87-89. figs. 186-191. En ce qui concerne la tradition paléo-phrygienne à l'époque impériale, v. Lochman, op. cit. (n. 3) pp. 500-506. fi Ramsay, W. M., The Cities and Bishoprics of Phrygia 1,1. The Lycos Volley and Southwestern Phrygia, Oxford 1895, pp. 99 100 ; 1,2. West and West-Central Phrygia, Oxford 1897, p. 368. 7 V. tout dernièrement Lochman, op. cit. pp. 453-508 n os 258-264. 8 Kütahya, Musée n" inv. : 1631 ; Waelkens, M., Die kleinasiatischen Türsteine. Typologische und epigraphische Untersuchungen der kleinasiatischen Grabreliefs mit Scheintür, Mayence 1986, p. 107 no. 251 pl. 41. 103.