Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 70-71. (Budapest, 1989)

TÁTRAI, VILMOS: Deux tableaux du cercle de Battista Dossi

Jean dans le tableau de la Sainte Famille conservé autrefois dans la collection Morant à Londres 12 — une corbeille à linge et une boite à couture à ses pieds, sainte Catherine est en train de coudre. Ce dernier motif me semble être un détail assez bizarre : je n'ai vu nulle part ailleurs l'image de sainte Catherine couseuse, or, le fragment d'une roue, en tant qu'attribut, 13 témoigne d'une manière univoque de « l'identité » de la Sainte d'Alexandrie. (La couture sied plutôt à la Vierge, ici, au Musée des Beaux-Arts, à ce propos on évoque inévitablement un bel exemple du XVII e siècle : la Sainte Famille de Murillo, où Joseph est occupé à des travaux de charpenterie, tandis que la Vierge Marie fait de la couture). Dans le fond le château fort et la montagne rocheuse enve­loppés de brouillard constituent un motif caractéristique de Dosso. Une variante considérablement plus faible de cette même composition, mais enrichie d'un arrière plan encore bien plus dans la manière du peintre, fut vendue aux enchères à Milan, en 1928, et se trouve depuis dans une collection privée en Italie. 14 Dans la Galerie des Maîtres Anciens une acquisition récente peut également se rattacher au cercle de Battista Dossi, mais elle est en tous points plus remarquable que celle dont on vient de parler, et n'a pas été publiée jusqu'à présent (fig. 36). 13 C'est feu Dénes Jankó et son épouse qui, en 1978, en ont fait don au Musée des Beaux Arts. Selon le récit des donateurs, cette composition au sujet mythologique provient d'un château de la Hongrie occidentale, et, par l'intermédiaire de l'antiquaire Donath, passa d'abord dans la propriété de Simon Meiler, ensuite de György Gombosi, puis de György Fenyő. Les deux premiers étaient des historiens d'art réputés. C'est probable­ment György Gombosi, remarquable expert de la peinture de la renaissance nord­italienne, qui mit en rapport cette peinture avec le nom de Girolamo da Carpi. Cette attribution verbale situa donc le tableau dans le milieu qui lui est dû, à l'école des peintres de Ferrare. Tout ce (pie j'ai à y ajouter, c'est (pie l'absence des accents parme­san iens qui caractérisent Girolamo da Carpi, ainsi que la parenté flagrante du tableau avec les œuvres de Battista Dossi me portent à imaginer la naissance de cette figure de Vénus plutôt dans l'orbite de ce dernier (et même dans son propre atelier). Vénus, assise sur une draperie blanche, chatoyante, un voile transparent sur les seins, allongeant sa jambe droite, s'appuie sur un coussin à bordure ornementée. Elle porte son regard au dehors du tableau, sur nous, comme sur des mortels soumis à son pouvoir et, en suivant la direction de son regard, Cupidon ailé, assis à califourchon sur la cuisse de sa mère, et même le chien blotti entre les plis de la draperie se tournent également vers nous. En haut, dans le coin gauche du tableau, apparaît un satyre au teint brun, à droite une draperie bordeaux rehausse le faste. On ne distingue pas nettement la bête sur laquelle chevauchent les deux figures esquissées à quelques h at ifs coups de pinceau — elles semblent être des créatures qui tiennent de Bosch, 16 symbolisant des instincts sexuels. Un arbre d'une abondante frondaison et une fortifi­cation élevée sur la colline qui domine la rive d'un fleuve apparaissent dans le fond grossièrement exécuté. La tête et le buste tournés dans des directions contraires, 12 Gibbons, op. cit. p. '221. 13 Un exemple proche, où Sainte Catherine se joint à la Sainte Famille au repos et au petit Saint Jean-Baptiste existe : le tableau de Girolamo da Carpi, exécuté autour de 1550,au Glasgow Museum and City Art Galleries. Cf. Mezzetti, A., Girolamo da Ferrara dettoda Carpi, Milano IST", n» du cat. 93 ; From Borso to Gesa re d'Esté. The School of Ferrara 1450-1628, Matthiesen Fine Art Ltd, London 1984, n« du cat. 44. 14 Huile, bois, (il x80 cm. 15 No d'inv. : 78.3. Huile, toile, 127x168 cm. 16 Sur l'influence de Boscli quant au tableau de Battista Bossi intitulé Rêve (Dresde) : Gibbons, op. cit. p. 223.

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