Garas Klára szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 60-61. (Budapest, 1983)

KAPOSY, VERONIKA: Dessins de Forain au Musée des Beaux-Arts

gommeux en habit et coiffés de haut de forme, car cela aurait rendu austères ses feuilles, aussi estompait-il les dessins de fraîches couleurs d'aquarelle, de rouge, bleu, jaune, vert et lilas éclatants. C'est ainsi qu'il souligna la plasticité et prêtait de la sérénité à ces scènes à effet moderne. La nouveauté de ses dessins est encore renforcée parfois par plusieurs scènes, indépendantes les unes des autres, esquissées sur la même feuille, et ce dans un arrangement asymétrique, à des échelles différentes. Telle est une des feuilles du recueil de dessins à Prague,

6 datant des environs de 1878, et représentant des personnages observés dans des cafés. Certains d'entre eux sont assis auprès de petites tables, entourés de femmes habillées à la mode, d'hommes ou de têtes, représentés en diverses grandeurs et coupures. En bas, dans le coin droit de la feuille, derrière le comptoir, se tient une serveuse avec, devant elle, un plat avec des gâteaux, un verre et une bouteille, et derrière elle, sur la surface réfléchissante, se dessinent les contours de sa figure. Ce petit détail est sans doute en rapport avec la gouache du Brocklyn Museum de New York

7 où la jeune femme se tient également près du comptoir, représenté en biais, et le miroir est derrière elle. Le 8 janvier 1878 Forain dédia ce tableau à un de ses amis et le signa. Voyant ces compositions, on se rappelle le célèbre tableau de Manet les Folies Bergères (Londres, Courtauld Institute Galleries) avec la serveuse debout devant l'immense miroir, peint par le maître en 1881. La même conception que celle de la feuille citée, se trouvant à Prague, revient dans le dessin dont la reproduction fut publiée par un périodique parisien ,,La Vie Moderne", dans son numéro du 12 juin 1879 (fig. 95).

8 A l'origine le dessin était fait à l'encre de Chine et le maître l'offrit au programme de la festivité organisée le 7 juin par l'Opéra. Là, au buffet, auprès de la table mise, une dame en robe décolletée offre à manger et à boire aux dames en robe de soirée, aux messieurs en haut de forme. Au fond, dans une loge, un public distingué écoute le concert, et ensuite nous voyons des jeunes gens qui se rangent pour la danse. Les groupes arrangés avec beaucoup de variété, l'emplacement irrégulier des personnages plus ou moins grands, tout cela témoigne de la vision moderne du dessinateur. Ce petit dessin a de l'intérêt pour nous à cause de ses rapports à la Hongrie. Le 7 mars 1879 une immense catastrophe s'abattit sur Szeged, deuxième plus grande ville de Hongrie. La rivière Tisza débordée inonda la ville dont R Kesnerová, G. — Spielmann, P.

: Die französische Zeichnung des 19. und 20. Jahrhunderts aus den Sammlungen der Nationalgalerie Prag. Praha, 1968. S. 15. N-> 321. Prague, Galerie Nationale N° d'inv.: K. 18.621 Ce dessin peut être mis en rapport avec quelques eaux-fortes précoces de Forain où l'on voit des têtes analogues. P. e. Le bar des Folies Bergères (G u é r i n N° 8 bis) où sur les feuilles intitulées Le Bullier (Guérin N° 11) on voit en image réfléchie la femme coiffée d'un chapeau à plume qui est esquissée dans le coin droit supérieur du dessin de Prague. Sur la même feuille figure un homme aux favoris portant haut de forme et cravate noeud papillon et monocle, dont la figure revient, sans favoris, en image réfléchie, sur le dessin représentant les Folies Bergères. Ces oeuvres sont signées par Forain avec des caractères employés par lui aux environs de 1878. 7 B r o w s e, L. : op. cit. 96. No 3. 317X203 mm. L'écriture de la signature, employée à partir de 1878, est identique à celle de la feuille de Prague. 8 ,,Le festival du 7 juin à l'Opéra. Page de programme par J. Forain, offerte par la Vie Moderne." A d h é m a r, J. — Lethève, J.: Inventaire du fonds français après 1800. Tome VIII. Paris, 1954. p. 35. No 196. „Programme d'une fête aux profit des inondés de Szegedin, juin 1879. Retirage dans La Vie Moderne." (Là, la date de la parution est indiquée par erreur le 17 juin.) Je remercie M. Michel Melot, conservateur en chef de la Bibliothèque Nationale de Paris, de m'avoir envoyé la photo.