Garas Klára szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 52. (Budapest, 1979)

KAPOSY, VÉRONIQUE: Maîtres français suivant la voie du néoclassicisme

son épée dans sa soeur, fiancée d'un des Curiaces, parce qu'elle pleura son fiancé en apercevant sur l'épaule de son frère le manteau qu'elle avait cousue pour son fiancé. Devant le fond gris, les personnages sont ordonnés en plusieurs champs, comme dans une composition de relief, et ils évoquent nettement la manière à dessiner d'un sculpteur. Cette méthode s'observe aussi bien sur la feuille de Bu­dapest que sur celle exposée à Londres. Les personnages et les types de visages caractéristiques, dont par exemple les deux hommes âgés et barbus, les larges gestes théâtraux, la vive mimique, allant parfois jusqu'au grotesque sur les deux feuilles, témoignent de l'art du même maître. La tenue rigide et les mouvements des personnages sont également identiques, tout comme la reproduction des corps, la musculature vigoureusement soulignée, et aussi l'ordonnance des dra­pés, leur ondulation lourde. La technique des deux feuilles est tout aussi iden­tique avec les contours faits à l'aide de minces traits de plume et le ton gris uni. Sur le dessin de Budapest, en bas, on découvre les traces de la signature enlevée. Vaguement, on déchiffre encore à la fin „inv." et la première lettre lue jadis comme „C", mais dont une analyse minutieuse démontra qu'elle est iden­tique à la lettre „f" crochue, barrée, écrite d'une manière caractéristique dans la signature de la feuille, représentant le voyage en Egypte de Mr Aaron Hill, conservée dans la collection de dessins du Städelsches Kunstinstitut de Franc­fort. 60 La feuille de Fortin conservée à Budapest montre plus d'analogies dans la composition, le dessin et la technique, avec le dessin daté de 1788 et exposé à la Heim Gallery de Londres qu'avec la composition à Francfort, exécutée deux ans plus tard en 1790, et ayant un caractère d'illustration. On est donc en droit de supposer que notre feuille date, elle aussi, de la fin des années 1780. Il vaut cependant la peine d'examiner les circonstances qui avaient poussé Fortin à faire ce dessin et à choisir ce thème. Dans la seconde moitié du XVIII e siècle les thèmes antiques deviennent de plus en plus fréquents dans la peinture française et une place prépondérante y est occupée par ceux de l'histoire romaine. 61 Cela correspond à l'opinion of­ficielle selon laquelle de telles oeuvres présentent aux spectateurs des exemples de patriotisme, de dévouement et d'héroïsme. Pour des thèmes, les artistes s'a­dressaient souvent à l'ouvrage historique de Tite-Live. Le directeur de l'Aca­démie, J. —B. M. Pierre, depuis 1770 „le premier peintre du Roi", exerça, avec d'Angiviller, une grande influence sur le choix des thèmes, et par là sur toute l'é­volution de la peinture française. Ce sont eux qui établirent la liste des thèmes, destinés aux Salons, et commandés par le roi. 62 Telle était l'oeuvre exposée au Salon en 1785 le „Serment des Horaces" (Louvre), tableau impressionnant de David, chef d'oeuvre du néo-classicisme français. David fut pourtant imspiré par la tragédie de Corneille „Horace." Son pre­mier dessin exécuté en 1781, „Horace vainqueur revenant à Rome tue Camille" 60 Signé: „Fortin fecit Londini 1790". Je présente mes remerciements au Cabinet des Estampes du Städelsches Kunstinstitut pour avoir envoyé, aux fins d'étude, la photo du dessin. 61 Bar don, H.: Les peintures à sujets antiques au XVIIle siècle d'après les Livrets de Salon. Gazette des Beaux-Arts, 61, 1963. 217. e2 Sprigath, G.: Themen aus der Geschichte der römischen Republik in der französischen Malerei des 18. Jahrhunderts. München, 1968. 152—153.

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