Garas Klára szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 52. (Budapest, 1979)
SZIGETHI, AGNES: Quelques contributions a l'art d'Artemisia Gentileschi
Les chercheurs qui s'occupaient d'Artemisia ont plusieurs fois suggéré l'idée d'un rapport entre le choix du sujet, notamment entre sa préférence pour le thème de Judith et Holopherne, et un incident de sa vie, bien connu grâce à des documents. 6 Le roman avec Agostino Tassi eut une fin, de loin pas belle, dans le procès qui eut lieu en 1612 7 dont les humiliations expliquent bien, pour notre époque si sensible aux motivations psychologiques, non seulement le choix du thème, mais aussi la tendance sanguinaire, presque pathologique, qui se manifeste dans la manière de représenter le sujet, et qui est une manifestation picturale de son caractère agressif. Partant de ce rapport, supposé pour de bonnes raisons, on aurait même pu prédire qu'Artemisia peindrait au cours de sa carrière encore d'autres histoires bibliques où l'infortune du héros s'accomplit, comme pour Holopherne, par l'héroïne, ou du moins avec sa participation, telles que l'histoire de Samson et Délila, 8 ou, comme le montrent les tableaux de Budapest nouvellement découverts, celles de Salome et Saint Jean Baptiste et de Jaël et Sisera. Des deux tableaux publiés ici, Salome se rattache à la période précoce dans l'art d'Artemisia. L'ensemble des éléments du style représentent les particularités des années de début. La caractéristique de ce style, donnée à propos de la Judith du Pitti par l'excellent connaisseur d'Artemisia, W. Bissel reste valable à son égard. Il dit : „ ... a caravaggism with its penetrating observation of the model and use of tenebristic lighting, which is tempered by decorative handling of materials in golden yellows and rich maroon worn by buxom, seemingly contemporary woman". 9 Pareille à Judith, notre Salome présente également ce type de femme débordant de santé, aux formes pleines. Avec un des éléments du style, notamment avec l'effet plastique des surfaces lisses atteint grâce aux nuances délicates de la lumière et de l'ombre, ce type est le trait le plus frappant du rapport artistique entre Honthorst-Artemisia-Rutilio Manetti, rapport qui remonte selon toute vraisemblance à Honthorst. Les déficiences dans la reproduction de la profondeur et la composition encombrée par les personnages qui remplissent du tableau presque entièrement l'espace, sont également des produits de la même conception que celle de Judith, mentionnée ci-haut et qu'elle 0 Bis sell, W.: Artemisia Gentileschi — A New Documented Chronology, The Art Bulletin 1968, 156.; Spear, R. E.: The Italian Followers of Caravaggio. Catalogue d'exposition, Cleveland, 1971, p. 100. 7 Bertolotti, A.: Agostino Tasso suoi Scolari e compagni pittori in Roma. Giornale Erudizione Artistica. 1876, V/7 —8. 8 Washington, National Gallery of Art, no. K 1690 (Complete Catalogue of the Samuel H. Kress Collection, Phaidon. 1973, p. 84.) dont une autre variante à la vente du Musée Ernst (Catalogue des Ventes du Musée Ernst XXIX, 1925, no. 10, fig. II. comme oeuvre de Christoforo Allori) m'était signalée par Klára Garas. Le poste 914 de l'inventaire Esterházy dressé en 1820 est une référence à un tableau Samson et Dalila d'Artemisia (voir encore note No 20); Dans le commerce d'objets d'art à Budapest, en 1924 apparut sous le nom de Ch. Allori, une composition du même sujet (Catalogue des Ventes du Musée Ernst XXVIII. No. 6). A en juger d'après l'illustration bien que de faible qualité, elle peut être mise en rapport avec le Jaël et Sisera à l'Ambrosienne de Milan (Bissell: op. cit. Appendix II. p. 166) L'auteur de ce dernier tableau — qui me semble être mutilé — ou de son original pourrait être l'auteur de la composition Samson et Dalila jadis à Budapest, dont le style constitue un point de contact très net entre l'art d'Artemisia et la peinture florentine du début du seicento pareillement à une autre peinture représentant Le bain de Bethsabé, vendue sous le nom de Vasari à Budapest, en 1919 (Catalogue des Ventes du Musée Ernst VII— VIII., Supplément no. IL). 9 Bissell, op. cit. p. 155.