Garas Klára szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 51. (Budapest, 1978)
SZIGETHI, AGNES: Un tableau inédit de Wouter Crabeth
ges dans l'espace n'est pas résolue, l'équilibre de la table, vue trop d'en haut, n'est pas rassurant etc. Il s'ensuit que l'auteur doit être un maître de bonne formation, mais n'est pas encore arrivé à pleine maturité, et que ce tableau est une oeuvre de jeunesse. La confrontation des oeuvres signées, conservées aux musées d'Anvers 6 (fig. 113) et de Varsovie 7 (fig. 112) permet d'identifier avec une certitude absolue l'auteur à Wouter Pietersz. Crabeth le jeune de Gouda — Wouter Pietersz Crabeth IL La substance des éléments correspondants des trois tableaux peut être indiquée dans la parenté des types, souvent leur identité, dans la lourdeur de la reproduction spatiale, et dans l'emploi des couleurs brunâtres si caractéristique de Crabeth. C'est depuis la parution du livre capital de Voss 8 que Crabeth figure parmi les successeurs du Caravage. C'est un maître peu connu, sa biographie n'est toujours pas entièrement mise au point, 9 le nombre des oeuvres lui attribuables avec certitude est très réduit. Wurzbach 10 a dressé la liste des oeuvres — l'Incrédulité de saint Thomas à Amsterdam, la Mise au tombeau à Berlin, les deux Tricheurs, le Portrait de groupe de Gouda, ainsi que la donnée d'une vente en 1862 sur le Guerrier mourant, daté de 1641, mais resté inconnu, mais cette liste n'a été complétée depuis que par la Scène pastorale 11 à Anvers, elle est en même temps réduite par la Mise au tombeau (Berlin) qui s'est avérée être oeuvre de David de Haen 12 depuis la publication de l'inventaire Giustiniani. Ainsi, cet oeuvre, comprenant une demi-douzaine de tableaux, se présente devant nous avec plus de clarté, et le tableau, récemment identifié, de Budapest représente un enrichissement sous plusieurs aspects. D'une part, il augmente le nombre de ses oeuvres d'une pièce de bonne qualité, et de l'autre il met en lumière des relations jusque-là inconnus de son art. Sur le tableau de Budapest, les musiciens s'abandonnent à la joie de faire de la musique sans se laisser emporter. Seul le luthiste penché vers la jeune fille y apporte quelque frivolité, une sensualité délicate, au ton du tableau qui n'en reste pas moins sérieux et réservé, fort distant de l'atmosphère éclatante des scènes de genre dues aux successeurs hollandais du Caravage, et même à Crabeth plus âgé, et plus proche de celles des Français comme Valentin, Tournier, Renieri, bien que l'expression du tableau de Budapest n'atteigne pas la profonde poésie de ces derniers, mais la mesure, la fraîcheur juvénile, l'expression presque timide l'apparentent à ceux-ci. Le coloris, le soin dans l'exécution, la fidélité aux objets, le rattachent par contre au style de ses compatriotes. Son style de jeunesse est donc déterminé par ce double aspect, car le tableau de Budapest est sans aucun doute une des premières de ses oeuvres connues. Ce que ce tableau révèle sur son style de jeunesse complète nos frustes connaissances sur le peintre et rend plus aisée sa compréhension. 6 Caravaggio en de Nederlanden. Catalogue d'exposition. Utrecht-Anvers, 1952. No 34; Hoogewer ff, G. J.: De Bentvuegels. La Haye, 1952. fig. 12; Schneider, A.: Caravaggio und die Niederländer. Amsterdam, 1967. fig. 12. 7 Catalogue of Paintings. Foreign Schools. Varsovie, 1969. II, p. 157. 8 Voss, H. : Die Malerei des Barock in Rom. Berlin, 1924. pp. 470—471. 9 Date de naissance inconnue, mort en 1644. Les données sont publiées dans Catalogus der Tentottstelling van Oude Schilderskunst te Utrecht. Utrecht, 1894. 10 Niederländisches Künstler-Lexikon. 1906. 11 Voir note 6. 12 Salerno, L. : The Picture Gallery of Vincenzo Giustiniani. II, The inventory. The Burlington Magazine 1960. p. 94.