Garas Klára szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 50. (Budapest, 1978)
EMBER, ILDIKÓ: Un paysage de Jacques Foucquier au Musée de Beaux-Arts
feuillage, au-dessus de laquelle se hausse déjà le ciel couvert de nuage, et encore plus loin, un petit groupe d'arbres fait sentir la profondeur de l'espace. Sur le tableau de Budapest on voit des monts, au loin, à l'arrière-plan. Les personnages, qui sont des figurants typiques à la flamande, évoquent le souvenir de l'atelier de Brueghel, et forment un contraste étrange avec le paysage dont les proportions sont déjà plutôt classiques. De même, on observe une dualité particulière dans la manière dont les arbres sont exécutés: sur les deux tableaux, le feuillage montre une conception homogène, d'envergure, on dirait réaliste, tandis que les détails sont d'une stylisation décorative. Jacques Foucquier, si estimé de son vivant, nous a laissé un oeuvre fragmentaire que seules les recherches de Wolfgang Stechow ont sorti de l'oubli non mérité. 5 Analysant son style pictural il démontre que son évolution allait des paysages panoramiques à la Momper, par les forêts de type de Coninxloo et Bril jusqu'au paysage classique français. Ce grand changement n'est pas simplement symptomatique chez lui, au contraire, il, était le maître qui vécut jusqu'au bout cette tendance de l'évolution. (i Dépouillant les dessins du maître, datant de différentes périodes, l'auteur le démontre d'une façon convaincante et cite des exemples de toutes les étapes de cette évolution du style. 7 Les connaisseurs des XVII —XVIII e siècles, qui ont encore vu les oeuvres de Foucquier, décrivent très exactement sa manière, et leurs écrits révèlent ce qu'ils apprécient le plus dans le peintre. A. Félibien 8 le tient pour l'élève de Jan Brueghel et pour un excellent paysagiste, et loue la reproduction fidèle de la nature. R. de Piles l'appelle le plus grand, son maître était, selon lui, Momper, mais il compare la conception de ses tableaux rien qu'aux paysages du Titien. 9 Dans le catalogue de la célèbre collection Crozat 10 où figurent plusieurs peintures et dessins de Foucquier, on lit: ,,les dégradations et les différents plans y sont merveilleusement bien observés avec une vérité qu'on ne voit presque jamais dans les dessins des autres paysagistes". Cependant, il note aussi que le feuillage est traité avec quelqu'artifice. Dans les travaux postérieurs sur l'histoire de l'art, la caractéristique de Foucquier s'appuie déjà sur les traditions. Ch. Blanc le considère comme „transi5 S t e c how, W. : Jacques Foucquier. Sa conférence faite au congrès international d'histoire de l'art en 1930 à Bruxelles a paru, sous une forme complétée: De Kunst der Nederlanden. 8. 1931. févr. 297—303. Id. : Drawings and Etchings by Jacques Foucquier. Gazette des Beaux-Arts, 1948. 419—434. « Op. cit. 1931. p. 303. 7 Du point de vue de l'attribution du tableau de Budapest ce sont les dessins, représentant le style de maturité, qui ont de l'importance puisque, de cette période, nous connaissons fort pou de peintures. Voir les dessins conservés au Louvre, à Ashmolean Museum d'Oxford, à Albertina de Vienne. Stechow, W.: op. cit. 1948. fig. 5. 6. 11 et 13. 8 Félibien, A.: Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes. Londres, 1705. IV. 28—29. 329. (Première édition: Paris, 1666^1688). 9 P il es, R. de: Abrégé de la vie des peintres . .. Paris, 1699. 414—415. — Le parallèle avec le Titien se comprend aussi compte tenu d'un des paysages classiques, reproduit par Stechow. (Op. cit. 1948. fig. 3.) 10 Description sommaire des Dessins ... du Cabinet de Feu M. Crozat. Paris, 1744. Cité par Fétis, E. : Artistes belges à l'Étranger. Bulletin de l'Académie Royale. Bruxelles, XXII. 1856. 580—596. 11 Blanc, Ch.: Histoire des Peintres de Toutes les Ecoles, Ecole flamande. Paris, 1868.