Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 41. (Budapest, 1973)
HARASZTI-TAKÁCS, MARIANNE: Quelques problemes des bodegones de Velasquez
cisme, dont les oeuvres sèches et ennuyeuses ne trahissent aucunement sa conception progressiste et sa sensibilité à l'art vraiment bon 38 — c'est Carducho, resté fidèle au maniérisme, qui exprime le mieux l'opinion de l'Espagnol moyen sur les bodegones d'un «sujet trivial». U écrit: «. . . como se ven boy. de tantos cuadros de bodegones con bajos y vilisimos pensamientos, y otros de borrachos, otros de fulleros tahures, y cosas sem ej an tes, sin más ingenio, ni más asunto, de habersele antojado al Fintor retrater quatro picaros descompuestos, y dos mujercillas desalinadas, en mengua del mismo Arte, y poca reputáción del Artifice.» 59 Vicente Carducho, dans son ouvrage paru en 1633, dans lequel il s'occupe en détails des questions techniques et iconographiques, exprime l'opinion officielle de la cour de Madrid, ou peut-être celle des peintres et clercs qui travaillaient dans l'esprit du concile de Trente. Il flétrit la peinture de sujet profane, et déclame maintes fois contre les tableaux impudiques, libertins et triviaux. Il est fort probable que sous ces expressions adressées contre la représentation de vagabonds ivrognes, de tricheurs vulgaires et de femmes enveloppées de haillons, il comprend les bodegones de Velasquez, peut-être directement le Bacchus peint avant 1629 («retratar quatro picaros descompuestos»). C'est justement pourquoi ce fut en Espagne une action révolutionnaire de présenter sans artifice sur les bodegones la vie quotidienne. 60 Malgré la protestation de l'Église et les principes proclamés par Pacheco et Carducho, nombreuses oeuvres de sujet mythologique, des paysages et tableaux de genre des maîtres étrangers sont entrés dans les châteaux royaux, et même Carducho et les deux Caxes se virent obligés de peindre sur la commande de la cour des tableaux de sujet profane, par exemple, les exploits d'Achille, peints par Vicente Carducho. 61 Cependant, les bodegones de Velasquez ne sont entrés au palais royal qu'au tournant du XVII e siècle, et ainsi que nous informe, en 1768, Preciado de la Vega, l'opinion défavorable des seigneurs de l'inquisition a sans doute grandement contribué au fait que nombreux tableaux de genre de l'artiste ont passé à l'étranger. Carducho, en parlant des objets «triviaux et vulgaires», indique nettement le bodegón comme genre condamnable. Il déconseille ces sortes de tableaux même dans la décoration des châteaux, tout en admettant le paysage, les scènes de bataille et les compositions historico-mythologiques. Pacheco n'a changé son opinion sur les bodegones que sous l'influence des chefs-d'oeuvre de Velasquez, mais même alors pas radicalement. Si nous contemplons sous cet aspect les tableaux de genre du jeune peintre, en les intégrant dans les conditions du pays, dans la pensée publique, dans l'austérité «plus catholique que le pape» des pères du concile, ces oeuvres nous paraissent encore plus révolutionnaires, oeuvres dont aucune n'est demeurée en Espagne, justement par suite de la conception espagnole et des événements de guerre. * * * 58 M e n g s, L). Antonio, Carta de — a D. Antonio Ponz. Madrid, 1780, p. 210. Bien qu'il dise le «Porteur d'eau de Séville» un peu sec et dur, ses écrits manifestent nettement son estime, même son admiration pour Velasquez. 59 Card u c h o, V.: Diálogos de la pint ura. Madrid, 1865, p. 253. Edité par D. G. Cruzada Villaamil. 60 II convient de noter que Pacheco n'était lui non plus enchanté des oeuvres de cette sorte et, assurément, ce ne sont que les oeuvres excellentes de son gendre qui l'ont amené a admettre de quelque sorte ce genre. Il fit lui-même des tentatives de peindre des bodegones, lorsque, en 11)25, séjournant à Madrid, il peignit une petite toile («liencecillo»), sur laquelle il a représenté deux personnages «del natural flores y f ru tas, y otros jugetes . .» Arte de la pintura. Op. cit., p. 127. G1 C a r d u c h o, V. : op. cit., p. 24S. 1.5