Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 41. (Budapest, 1973)
HARASZTI-TAKÁCS, MARIANNE: Quelques problemes des bodegones de Velasquez
Le «Repas des paysans» de Budapest, et le ((Porteur de'an de Séville», de même que la «Vieille faisant frire des oeufs» peinte en 1618 sont des oeuvres plus mûres et plus étoffées. Mais, même pour les tableaux de Berlin et de Leningrad, qui ont plutôt un caractère d'étude, on ne saurait accepter l'opinion selon laquelle Velasquez se serait inspiré des romans picaresques. Bien plus proche de la vérité est la supposition que nous avons nous-même prononcé, en 1965, 43 ne connaissant pas encore l'article fondamental de PL Hatzfeld 44 qui cherche les sources des bodegones de Velasquez dans les oeuvres de Cervantes. Il n'est peut-être pas correct de chercher des instigateurs littéraires concrets des tableaux de genre de Velasquez, mais Hatzfeld a sans aucun doute raison lorsqu'il compare la conception de la réalité de Cervantes et de Velasquez. Tous deux ont observé les idées progressistes et le mouvement intellectuel de leur époque, ce qui les a incités à représenter la nature simplement et fidèlement. Dans les années 1600—1620 cette conception a compté déjà en elle même pour révolutionnaire. Ce que Velasquez peut rendre avec peu de paroles, laconiquement et avec dignité, le poète ne put, certes, exprimer qu'en entrant dans les détails. On pourrait comprendre l'art poétique de Cervantes, exprimé dans la préface du Don Quichotte, aussi comme la conception artistique de Velasquez: «Toda afectación es mala» (Toute affectation est mauvaise). Cette phrase ne pourrait-elle pas être la devise des natures mortes aux paniers en jonc, aux cruches de fayence, aux mortiers de cuivre, des bergers, de muletiers, des écuyers, des filles de cuisine, des bouviers, des cuisinières et porteurs d'eau représentés dans leur relation intime avec les objets usuels de la vie quotidienne? Les habitants du village de Don Quichotte, la gouvernante, la nièce, le curé, le bachelier, le barbier et le représentant de la vie triviale, le poltron rusé. Sancho Panza, ne font qu'effleurer l'univers de Velasquez; ses vraies figures sont les personnages les plus vivants des «Novelas ejemplares». Rinconete et Cortadillo, les deux étudiants fuyant Salamanque qui servent dans une auberge comme muletiers, ou les bouviers et les boniches polissonnes s'amusant, figurant dans la «Laveuse de vaisselle notable» sont, malgré leur espièglerie, plus proches du tableau de Velasquez intitulé «Deux jeunes hommes attablés» que le chevalier à la triste figure et son écuyer ventru. Alors que ceux-ci guerroient dans le monde des nuages, les étudiants, les garçons et filles de cuisine et les bergers des «Nouvelles exemplaires» vivent dans la réalité de tous les jours. Dans ces nouvelles, aussi bien que dans les histoires interrompant ici-là le roman de Don Quichotte, Cervantes représente les hommes dans leurs actions. Par contre Velasquez ne racconte jamais des histoires, il peint simplement une image du monde qui l'entoure et dont il scrute les secrets. Le porteur d'eau de Séville est une figure réelle, 45 il a porté l'eau dans la ville accablée de soif, tout comme 200 ans plus tard la «Porteuse d'eau» de Goya. Cervantes se moque ouvertement des romans courtois et de leurs amateurs, en rompant par cela le dernier fil qui lie la littérature espagnole aux extravagances de l'imagination du moyen âge. Velasquez introduit dans la peinture les tables pauvrement mises, des hommes prenant leur repas dans les auberges sévillans, et remplace la reine céleste par la paysanne andalouse. Il renverse le haut trône de la mythologie, en représentant dans les «Buveurs» Bacchus en compagnie de paysans ivres, ou Apollon 43 T a k á c s, M. : Realista tendenciák a spanyol életképfestészetben (Tendances réalistes dans la peinture de genre espagnole). Művészet, 1965, Oct., pp. 5 — 8. 11 H a t z f e 1 d, H.: Artistic parallels in Cervantes and Velazquez. Estudios dedicates a Menendez Pidal. Madrid, I—III, 1952, III, pp. 265 et suiv. 15 Cf. .1 ust i, C: Velazquez . . . op. cit., p. 139.