Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 34-35. (Budapest, 1970)
URBACH, SUZANNE: La «Vierge de Douleur» de Hans Baldung Grien au Musée des Beaux-Arts
Il ne nous appartient pas d'accompagner ici l'évolution iconographique de ce type de représentation, nous ne désirons qu'attirer l'attention sur quelques oeuvres dans le groupe desquelles entre aussi le tableau de Budapest de Baldung. A la suite du retable de Roudnice (fig. 45), qui est le prototype, c'est dans l'art de Bohême que nous rencontrons ses premiers exemples. 37 L'un des plus beaux en est le fragment de l'autel de Kreuzberg dont la figure de la Mère de Douleur est, avec son noble pathétique et avec sa forme concentrée un ancêtre digne de l'oeuvre de Baldung. 38 L'art de la fin du XV e siècle tendant au naturalisme a placé le type de Roudnice dans un paysage, ainsi qu'on le voit sur un tableau bizarre du «Maître des portes de l'armoire d'Aix-la-Chapelle». 39 Ce panneau ne figure point le Christ ressuscité apparaissant à sa Mère, mais la rencontre irrationnelle de l'Homme de Douleur entouré des Arma Christi avec la Mère de Douleur. Le premier exemple monumental du XVI e siècle du type de Roudnice est le panneau de Holbein le Vieux figurant l'Homme de Douleur. 40 Dans l'oeuvre de Dürer il n'existe point une telle opposition des deux personnages (Homme de Douleur — Mère de Douleur). Alors que le type de son Homme de Douleur aux mains écartées, gravé vers 1500 (B. 20), servait pendant plusieurs dizaines d'années de modèle aux peintres (fig. 53), sa Mère de Douleur de Munich n'a pas créé de type et n'a pas eu des imitateurs. Des exemples tardifs de la tradition de Roudnice sont les deux volets d'un retable conservés à Vienne et exécutés dans l'atelier de Lucas Cranach, qui révèlent aussi la disposition primitive du panneau de Budapest (fig. 40). 41 Les figures isolées de la Passion de la Mère de Douleur pleurant sur son fils, à droite, et à gauche l'Homme de Douleur témoignent de la survivance à une époque tardive de la tradition allemande. 42 37 Entre autres le Maître de l'autel du Calvaire de St. Lambrecht, vers 1430, Stang e, A. : op. cit., XI, pp. 139 - 140. 38 Kunsthistorisches Museum, Vienne. 134 X 75 cm. Matejöek, A. — P e ë in a, J. : op. cit., p. 82, vers 1430. 39 Aix-la-Chapelle, Domschatzkammer. Stange, A.: op. cit., V, 1952, pp. 54 et suiv. Zeitschrift für Kunstwissenschaft, VI, 1952, fig. 5. B e r 1 i n e r, R. : op. cit., 1965, p. 114. 40 Zurich, Schweizerisches Landesmuseum, 115x55 cm, entre 1502 et 1505. Hans Holbein d. Ä. und die Spätgotik. Augsburg, 1965, n° du cat. 42. Le panneau de la Mère de Douleur lui faisant pendant est perdu, mais elle dut ressembler à la figure du tableau intitulé la Mère de Douleur sur le Calvaire (Hanovre, Niedersächsisches Landesmuseum). C'est la composition de la Mère de Douleur de Holbein le Vieux que répète le maître des volets extérieurs du retable de Stalburg de Francfort (vers 1504). Cf. Eich, P.: Die Flügel des Stalburg Altars. Städel-Jahrbuch, N. F. Tome 1, 1967, p. 141. Les copies du tableau perdu de Holbein le Jeune (Donaueschingen, collection Fürstenberg) témoignent de la survivance de la composition. Cf. Oberrheinische Kunst, Année I, 1925/6, pl. XI. 41 Christus als Schmerzensmann und Maria als Schmerzensmutter. Vienne, Kunsthistorisches Museum, panneau, 137x54 cm. 1958, catalogue, II, n° 107. Il dut être peint entre 1520 et 1525. J'exprime ici ma reconnaissance au D r Klaus heraus pour l'aide qu'il a bien voulu m'apporter, pour les photographies et pour la radiographie du panneau de la Vierge. Grâce â cette radiographie il est ressorti que sur le tableau de Cranach ne figure point le glaive pénétrant dans le coeur de la Vierge. Sur les relations de Cranach avec Baldung voir M ö h 1 e, H.: la recension dans Zeitschrift für Kunstgeschichte, X, 1942, p. 216. - Le petit panneau du Musée des Beaux-Arts (n° d'inv. 817) est une version de ce même sujet exécutée dans l'atelier de Cranach. 42 G u 1 d a n, E.: op. cit., p. 80. L'auteur a examiné ses connexions iconographiques avec la représentation d'Adam et Eve sur le revers du panneau.