Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 31. (Budapest,1968)

PASSUTH, CHRISTINE: Trois oeuvres de Kolos-Vary au Musée des Beaux-Arts

ti pie, a accepté aussi les tendances plus déliées et plus expressives. Mais, Kolos-Vary était originaire de Hongrie où les courants artistiques plus importants étaient, au début des années 1920, univoquement constructifs. C'est dans cette même période que s'épanouit l'art de László Moholy-Nagy, que sont nées les architectures picturales de Lajos Kassák, et que s'associent à l'activité internationale du «Bauhaus» les maîtres hongrois travail­lant dans de différents domaines. Par contre, Kolos-Vary qui, à l'École des Arts Décora­tifs de Budapest a acquis, semble-t-il, plutôt des connaissances techniques qu'une concep­tion artistique déterminée, se disait alors maître expressionniste, et n'eut rien à voir avec l'art constructif de son pays. C'est justement pourquoi, contrairement à la constatation de Pierre Courthion, 28 à notre avis, l'univers pictural spécifique de Kolos-Vary est né plutôt sous l'inspiration de l'art de l'étranger, et non sous celui de son pays. En Hongrie, la peinture dite de l'«Alfôld», pleine de tension émotive et reposant sur l'effet des cou­leurs expressives, était en vive opposition avec les tendances d'avant-garde. Donc, Kolos­Vary n'a, dans sa période abstraite, guère pu puiser à cette peinture, tout comme il ne put s'inspirer de l'univers des couleurs fantaisiste, suggestif et absolument individuel, de Tivadar Csontváry. Kolos-Vary était tout jeune encore lorsqu'il quitta la Hongrie et n'a apparemment emporté que fort peu du patrimoine artistique de son pays. C'est pourquoi ce n'est point aux tendances stylistiques contemporaines hongroises qu'il s'attachait, mais aux tendances occidentales, et c'est là qu'on doit chercher les racines de son monde pictu­ral individuel. Ainsi sur la litho datée de 1956 (fig. 46), 29 le caractère décoratif et l'atmos­phère gaie des motifs foncés et clairs adaptés à la couleur bleu du fond, évoque Mirô. L'arrangement de la composition est, contrairement à la plupart des oeuvres connues de Kolos-Vary, vertical, et les lignes arquées reliant les taches se dirigent vers le haut. L'eau-forte en couleurs exécutée dix ans plus tard (fig. 47), 30 ne conserve la solution verticale que dans son format, elle est horizontalement rythmée. Les zones superposées sont nettement séparées l'une de l'autre, les formes sont créées des différentes nuances de la couleur brun-violet, seule la zone supérieure, évoquant le ciel, tire sur le bleu-gris froid. Les oeuvres de Kolos-Vary qui sont les dons de l'auteur, représentent au Musée des Beaux-Arts un artiste moderne d'un esprit français et de rang européen, dont l'ori­gine hongroise confère à ces nouvelles acquisitions une valeur particulière. 31 CHRISTINE PASSUTH 28 En parlant de Kolos-Vary, Pierre Courthion relève le rôle du folklore hongrois, de la musique de Béla Bartók et de la tradition tzigane. Toutefois, ceci est trop général pour pouvoir expliquer l'évolution dans n'importe quel sens de l'art de Kolos-Vary. Préface de Pierre Courthion dans le catalogue de l'exposition de Kolos-Vary, organisée en avril-mai à Paris, à la Galerie du Fleuve. 29 V. la note n° 4. 30 V. la note n° 3. 31 C'est après avoir donné le manuscrit à l'imprimerie que parut le livre de Marcel Brion intitulé Sigismond Kolos-Vary. Neuchâtel, 1967.

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