Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 29. (Budapest,1966)
MOJZER, NICOLAS: Le huitieme tableau de chevalet du Maître MS
son dessin. Autant que son style est délié dans ses lignes tourbillonnantes, autant il est fin et souvent translucide dans les couleurs. Là où il emploie de l'or, il préfère les effets de couleurs clairs. Il est l'un des derniers grands peintres qui utilisaient volontiers le fond d'or. Chez lui cela ne paraît pas archaïque: l'or n'est qu'une couleur comme les autres — même si elle est peut-être la plus noble parmi toutes — qui aide les autres à briller ; il n'est donc aucunement une abstraction. Et si il constitue le fond, il ne porte pas de dessins, mais il est uni. Sans réfléchir, rien qu'en voyant ce fond d'or, nous lui croyons que le ciel n'est pas bleu mais doré, et qu'il brille. Les autres couleurs sont elles aussi pareilles: bien qu'elles soient liées à la matière, elles luisent, comme le spectateur de l'époque aimait les voir sur les mosaïques ou les vitraux médiévaux. 23 C'est ici que rejaillit au moyen âge tardif pour la dernière fois l'éclat de la peinture de chevalet. Avec leurs propriétés liées à des matières précieuses, les couleurs sont elles-mêmes les porteurs du contenu et de la signification. A la suite de la main du Maître MS nous sommes prêts à les évaluer en «elles-mêmes», et seulement dans leurs rapports avec la réalité matérielle. A côté des coutumes iconographiques les plus traditionnelles de l'art chrétien, le Maître MS les englobe pour la dernière fois dans une unité strictement cohérente, dans celle des couleurs. 21 C'est cette unité intellectuelle et picturale que semble vouloir réaliser l'artiste qui, pour atteindre à ses buts idéaux, emploie peut-être des moyens plus progressifs que ses prédécessurs ; moyens resplendissants, mais à la vérité archaïques. NICOLAS MOJZER 23 Deux synthèses excellents sont: Dannenberg, H. : Die farbige Behandlung des Tafelbildes in der altdeutschen Malerei von etwa 1340 bis 1460 unter besonderer Berücksichtigung des Mittelrheins. Karcag, 1929. pp. 53 et suiv., et H a u p t, G. : Die Farbensymbolik in der sakralen Kunst des abendländischen Mittelalters. Dresden, 1941. pp. 43 et suiv. 24 L'analyse plus poussée de l'univers des couleurs du Maître MS est une tâche qui nous attend, et pour la solution de laquelle il est indispensable d'examiner, en dehors des oeuvres jusqu'ici connues, aussi d'autres créations. Pour le moment nous pouvons en retenir que dans ses huit tableaux de chevalet connus, le Maître MS réunit la polychromie des taches de couleurs locales sur le tableau de Toruh, en une unité de ton brun foncé, et sur les panneaux de Selmecbánya, dans une unité de ton vert doré clair — à l'intérieur duquel les couleurs gardent leur vieux sens «iconologiques». Nous avons signalé l'emploi des diverses couleurs dans l'étude parue dans la revue Művészettörténeti Értesítő XIV, 1965. cf. Die Fahnen des Meisters MS. Acta Hist. Artium XII, 1966, 93—112.