Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 29. (Budapest,1966)
MOJZER, NICOLAS: Le huitieme tableau de chevalet du Maître MS
suivant. Ainsi, ce n'est que son style qui nous permet de joindre le tableau subsistant, en tant que huitième, au dossier des sept tableaux enregistrés comme les oeuvres authentiques du Maître MS. C'est ce maître que dénotent en premier lieu les gestes expressifs et la composition. 1 L'homme sur l'échelle qui détache le corps du Christ (fig. 70), avec son geste telle une poignée de main, est l'antécédent de la figure d'Elisabeth du tableau de la «Visitation» de Budapest (fig. 71). C'est ce geste qui dans une manière stylisée continue à serpenter dans le groupe se tenant sous la croix et dans l'attitude des vivants qui pleurent le Sauveur mort. Une solution caractéristique du peintre est le corps nu, raid', aux bras tendus, figé dans une attitude qui semble vouloir embrasser l'univers, et qui est reçu à bras ouverts par trois personnages vêtus de lourds manteaux et de robes richement décorés. Le personnage qui détache le corps et tient de sa main droite le voile et de sa main gauche le bras gauche du Christ, se rattache d'en haut à l'étreinte, et ce geste continue dans celui du vieux Joseph d'Arimathie, dont le privilège dans l'iconographie médiévale est de se tenir à la tête du Maître, et qui est «heureux de pouvoir embrasser le corps du Seigneur» (Pseudo-Bonaventura). 5 La Marie Madeleine agenouillée, les yeux gonflés de larmes, reçoit presque littéralement et picturalement le corps du Christ, comme si elle faisait sa communion (fig. 72 et 73). Ses bras, bien qu'ils soient invisibles, continuent le geste de Joseph d'Arimathie pour s'enlacer dans ceux de Nicodème qui fait de grands efforts pour soutenir le Christ, et qui, un peu plié sous le poids du corps, soutient de son bras gauche aussi la Marie-Madeleine. fi C'est dans ce détail que culmine la solidarité des participants dans la douleur commune, dans leur amour du Messie mort et dans leur entre-aide, ainsi qu'on rencontre ces idées picturales et mystico-poétiques dans la série de Selmecbánya également. Le bras droit de Nicodème soutenant les genoux du Christ, et se rattachant à la figure torse descendant de l'échelle par deux degrés, termine finalement la ligne calligraphique des gestes, tel un 8 courbé dans l'espace. La Vierge évanouie 4 U r b a c h, Zs. : Die Heimsuchung Maria, ein Tafelbild des Meisters MS (Beiträge zur mittelalterlichen Entwicklungsgeschichte des Heimsuchungsthemas). I —II. Acta Históriáé Artium X, 1964. pp. 69—123 et 299—320 ; M o j z e r, M. : Tanulmányok a Keresztény Múzeumban II. Az MS mester zászlai (Etudes faites au Musée Chrétien II, Les bannières du Maître MS). Művészettörténeti Értesítő XIV, 1965. pp. 97—106. 5 Meditations on the Life of Christ. An illuminated Manuscript of the Fourteenth Century (Paris, Bibl. Nat. Ms. ital. 115) ; publié par Isa Ragusa et Rosalie B. Green. Princeton, 1961. pp. 341 et suiv. — citée par W. S t e c h o w : Joseph of Arimathia or Nicodemus? Festschrift für L. M. Heydenreich zum 23. März 1963. Studien zur toskanischen Kunst. München, 1963. p. 290. 11 Nicodème figure sur les Calvaires de temps à autre comme Tzigane: v. Mahr, A. C. : The Gipsy at the Crucifixion of Christ. The Ohio Journal of Science. XLIII, 1943. p. 17. — Le cadre de la «Déposition de Croix» a été détruit ou s'est perdu pendant la guerre. Heureusement, il subsiste dans la photothèque de l'Institut Sztuki à Varsovie une ancienne photographie, y compris son négatif. (Je tiens à exprimer mes remerciements au Professeur Michel Walicki et à Mme Isabelle Galicka, qui ont bien voulu me remettre la photographie et m'aider dans mon travail lors de mon séjour à Varsovie). Malheureusement la photographie ne permet de distinguer de l'inscription originale du cadre, écrite en majuscules ( !) qu'une ou deux lettres, et en bas, au milieu (défectueusement) le fragment de phrase DILEXIT. . . HOMINUM. A savoir, au XVI e siècle tout le cadre fut muni d'une peinture décorative à fleurs et à rinceaux de couleur blanche, qui, il semble, avait masqué l'inscription originale. C'est ce peintre décorateur du XVI e siècle qui a écrit sur le bord supérieur du cadre, au milieu, avec un type de lettre différent de ceux d'auparavant, mais également en majuscules, l'inscription INRI, et à gauche de celle-ci la date du tableau adoptée au texte original et sans aucun doute cachée par le cadre, ainsi «PINS ANO 1495». — L'inscription originale du cadre, recouverte d'une peinture, n'est pas conservée par écrit et ses anciennes photographies sont également disparues. (Communication par lettre du Professeur Anton Liedtke, conservateur du Musée Diocésain de Pelplin). —• Vu que nous classons la «Déposition de Croix») de Toruh parmi les oeuvres du Maître MS seulement à la base de l'analyse du style, nous ne nous étendrons pas sur la personne des donateurs, ni sur les circonstances historiques de l'exécution du tableau, ni à des conjectures.