Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 28. (Budapest,1966)
GARAS, CLAIRE: Giorgione et giorgionisme au XVIIe siecle. III.
Encore un autre motif nous invite à supposer que l'exécution du tableau ait été en rapport avec les milieux artistiques et littéraires de Venise, et c'est d'une façon curieuse l'architecture dans l'arrière plan. Le peintre n'a guère pu voir, en 1512, à Venise ou dans ses environs les modèles de cette architecture de style Renaissance, ressemblant à un arc de triomphe et articulée de colonnes aux chapitaux ornés de feuilles d'acanthes. Ce qui lui a dû servir de modèle, dut être plutôt une gravure, et en effet, on rencontre des illustrations représentant des architectures similaires dans la Hypnerotomachia Poliphili (1499) (fig. 67), une oeuvre littéraire des plus consultées de l'époque. Sont analogues la solution de l'architecture peinte, la présence et les statues et bas-reliefs sur les fresques du Santo de Padoue, (tels, par exemple, le Miracle de Saint Antoine avec le coeur du riche, le Miracle de l'âne etc.) exécutées presque dans le même temps que le portrait de Muselli (1511). C'est d'ailleurs sur cette fresque qu'on retrouve les analogies les plus proches du costume extraordinaire richement orné du portrait de Muselli (v. le jeune homme vêtu d'une robe de plusieurs couleurs aux manches amples, dans le Miracle de l'âne (fig. 68-69). Malheureusement, tous ces indices, la vue de ville de l'arrière plan, ne nous donnent, même ensemble, aucune précision. D'après la façade de l'église et la petite place, certains ont pensé reconnaître Trévise, mais cette ville pourrait aussi bien être n'importe quelle petite ville de la Terra Ferma ou de la Vénétie. Ses particularités ne sont absolument pas individuelles. Les recherches faites jusqu'à présent ne nous ont pas amenés à identifier le portrait, même pas avec l'aide des différentes données et traditions complémentaires. L'inscription «Domenicus de Médicis» visible sur la copie de Pavie indique sans doute, tout comme la statue dans la niche sur les autres versions, que la personne représentée était en liaison avec la célèbre Vénus des Médicis. Mais si nous arrivons à mettre au point que le portrait de Muselli n'est pas l'autoportrait d'un peintre dont le prénom est Domenicus, et que le jeune homme représenté est susceptible d'être un amateur de littérature et d'art des environs de Venise, éventuellement un collectionneur d'antiques, nous avons tout droit à espérer que grâce aux données abondantes et avec l'aide des archives l'identité de la personne représentée sera bientôt établie. Pareillement, nous pouvons aussi espérer qu'après avoir éclairci les malentendus et les fausses suppositions, nous aurons reconnu en Palma le maître véritable de ce chef-d'oeuvre. 42 L'identification des portrais de Munich et de Leningrad nous fournira une base plus large pour retracer l'évolution stylistique de Palma et pour reconstituer le tableau de la peinture de portrait vénitienne des années 1510. CLAIRE GARAS 42 Ce ne sont que les recherches ultérieures qui pourront élucider la question de l'appartenance de quelques autres tableaux étroitement rapprochés des portraits de Leningrad et de Munich et attribués également à Mancini, par exemple, du «Violoniste» de Vienne.