Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 28. (Budapest,1966)

GARAS, CLAIRE: Giorgione et giorgionisme au XVIIe siecle. III.

Palma, ses termes élogieux ne semblent aucunement exagérés, et nous devons lui croire que son peintre était l'un des plus excellents portraitistes de l'époque. Cette opinion se trouve encore mieux confirmée si on classe aussi le portrait de Leningrad dans l'oeuvre de Palma. Il convient de penser, en tant qu'analogie, en premier lieu à l'«Adam>> de Braunschweig, quant à la pose de la figure au Portrait de femme, dit de Rotschild, et pour le traitement des matières, par exemple, au «Joueur de lyre» de la collection Alnwick, tandis qu'au regard de la qualité et de la conception, au «Poète» de Londres (fig. 64—65). Malheureusement, la chronologie des oeuvres de Palma présente de grandes lacunes : on ne connaît, surtout du début de sa carrière, que fort peu d'oeuvres qui peuvent être authentiquement datées. Mais même ainsi, nous sommes en mesure de constater que ce sont justement ses tableaux datés du début des années 1510: l'Adam et Eve, mentionné déjà en 1512, le grand tableau d'autel de Zerman, l'Ascension de l'Académie de Venise, etc. qui accusent une parenté la plus intime avec le portrait de Munich et le portrait de Muselli. Il semble, que c'est alors que Palma se soit le mieux approché de l'art de Giorgione, arrivé à maturité, et que c'est alors qu'il ait le plus fortement subi l'influence du jeune Sebastiano del Piombo. Mais c'est surtout dans le domaine de la composition figurée que nous trouverons des points de repère pour une comparaison du style, la vue d'ensemble, en ce qui concerne les portraits, étant assez insuffisante. Ne connaissant que relativement peu de portraits de Palma, dont pas un seul est authentique et daté, nous sommes incapables de tracer la ligne de leur évolution. Parmi les portraits figurant dans les sources contemporaines nous n'avons pu identifier pour ainsi dire pas un seul, 34 et c'est ce qui rend compréhensible que l'attribution du portrait de Munich est jusqu'à ce jour contestée et que dans le portrait de Muselli personne, jusqu'à présent, n'a reconnu l'oeuvre de Palma. A ce qu'il paraît, il n'a pas signé ses portraits, et la tradition qui se rattachait à ceux-ci s'est bientôt effacée. C'est ainsi qu'il put arriver qu'alors que les auteurs du XVI e siècle, Vasari, Lomazzo, etc. mentionnaient Palma parmi les plus illustres portraitistes, au XVII e siècle on ne parlaient à peine de ses portraits et on les mentionnaient le plus souvent sous le nom de Giorgione. Non seulement le portrait de Munich et de Leningrad, mais aussi l'Adam et Eve de Braunschweig, et la Rencontre de Jacob et de Rachel de Dresde étaient considérés comme les oeuvres de Giorgione. 30 C'est donc aux chercheurs du XIX e et du XX e siècles que revenait la tâche de délimiter l'oeuvre de Palma et de le dégager des nombreuses fausses attributions. Il paraît, cepen­dant, que ce travail ne soit pas encore terminé, et que, justement relativement aux portraits, il reste encore beaucoup de questions à élucider. Les attributions sont sous ce rapport assez divergeantes, voire contradictoires. En dehors de quelques portraits généralement connus — le Portrait d'homme de Berlin, le Portrait de Querini de Venise, le Portrait d'un poète de Londres, l'Homme au gant 31 Dans l'inventaire de la succession de Palma (Jahrbuch der preuss. Kunstsammlungen XXIV, 1903. Beiheft, p. 76) figurent 13 portraits dont seul le portrait de Querini, de la Galerie Stampalia Querini de Venise, peut être identifié. Àlarcantonio Michiel cite un portrait, l'inventaire de Gab­riel Vendramin de 1567—1569 mentionne 3, et l'inventaire de 1627, illustré de dessins, de la col­lection d'Andréa Vendramin, énumère 3 portraits perdus de Palma. 35 En 1683, Matteo del Teglia, l'agent du Grand Duc de Toscane, écrit de Venise sur la Ren­contre de Jacob et de Rachel offerte pour la vente, comme étant une oeuvre importante de Gior­gione (G u a 1 a n d i, M. : op. cit. III. p. 184). C'est comme une oeuvre de Giorgione que figurèrent au début du XVII e siècle, à Venise, dans la collection de Bartolommeo délia Nave, aussi les Fiancés de Budapest (v. G a r a s , C. : op. cit. p. 76). C'est le nom de Giorgione que portaient la «Femme à la lyre» dans la collection Manfrin de Venise (Alnwick Castle), la «Flagellation» de Rovigo etc. La première édition de Vasari cite la «Tempête» de la Scuola di San Marco comme l'oeuvre de Giorgione, la deuxième édition la dit une oeuvre de Palma, et Sansovino une création de Palma ou de Paris Bordone.

Next

/
Thumbnails
Contents