Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 28. (Budapest,1966)
GARAS, CLAIRE: Giorgione et giorgionisme au XVIIe siecle. III.
GIORGIONE ET GIORGIONISME AU XVII e SIÈCLE III. Carlo Ridolfi, dans son ouvrage traitant de l'oeuvre des peintres vénitiens, mentionne, en 1648, dans la célèbre collection Muselli de Vérone, un portrait de Giorgione, considéré comme authentique: «un giouinetto con pelliccia tratta bizzarramente a trauerso le spalle stimato singulare». 1 Le même tableau est décrit minutieusement dans l'inventaire de 1662 de la collection Muselli: «Un ritratto di Giorgione con un berrettino bizzarro vestito a divisa di veluto e broccato, con un ferraiolo foderato di pelli di volpe con architettura et una statua di marmo senza testa, con tutte due le mani tiene un libro: è maggiore del naturale, et è il più bel quadro che si sappi di Giorgione». 2 Le célèbre tableau des Muselli est cité encore par une autre source du XVII e siècle, le «Microcosmo» de Francesco Scanelli, qui y ajoute qu'il a vu un tableau absolument identique du maître chez les Pisani à Venise. 3 Nous pouvons, d'après les descriptions, aisément mettre en rapport ce tableau beaucoup apprécié avec le portrait d'homme à demi-figure dont la plus belle version est conservée à l'Ermitage de Leningrad (fig. 53). En effet, connaissant l'histoire de cette collection, nous sommes à même d'identifier d'une façon décisive l'exemplaire de l'Ermitage avec le tableau appartenant autrefois aux Muselli. La collection de Vérone, renfermant des chefs-d'oeuvre de la Renaissance italienne, fut fondée encore au commencement du XVII e siècle par le médecin amateur d'art Jacopo Muselli. Sa splendide collection de peintures et de dessins était connue par la plupart des collectionneurs importants et voyageurs de l'époque qui allèrent la visiter, entre autres, par exemple, le Comte Arundel, le Grand-duc Cosimo etc. 1 Après sa mort, ses héritiers, ses deux fils Francesco et Cristoforo, tachèrent de réaliser (avant 1648) la collection, cependant les négociations poursuivies avec la reine Christine, François I er , Prince de Modène, et Ferdinand Charles, Prince de Tyrol, sont restées sans résultat. Finalement, les fils de Cristoforo réussirent à vendre toute la collection comprenant 122 tableaux à Alvarez, agent du roi de France et de certains collectionneurs français. 3 C'est ainsi que par Ridolfi, C. : Le meraviglie dell'arte. Venezia, 1648; Berlin (Ed. Hadeln), 1914. I. p. 105. 2 C a m p o r i, G.: Raccolta de cataloghi ed inventarii inediti. Modena, 1870. p. 190. ' J S c a n e 11 i, F. : Il Microcosmo délia Pittura. Cesena, 1657. p. 212: «et in Verona nello Studio de Muselli vi è un quadro di meza figura anco maggiore del vero di rara bellezza et un quadro simile per ogni parte di detto Maestro ho veduto pure nella Casa del N. Pisani, i quali sono amendue oltra il gran rilievo, spirito, e più compita naturalezza cosi ben mantenuti come fossero dipinti a presenti giorni». 4 H e r v e y, M. S. F. : The Life, Correspondance and Collections of Thomas Howard, Earl of Arundel. London, 1921. p. 451 ; P i z z i c c h i, F. : Viaggio per l'alta Italia del Ser. Principe di Toscana poi Granduca Cosimo III. Firenze, 1828. p. 113. 5 P o z z o, B. dal: Le vite de pittori, degli scultori et architetti Veronesi. Verona, 1718. p. 94; C a m p o r i, G.: op. cit. p. 175. Nous possédons de données abondantes relatives aux achats qu'Alvarez fit entre 1683 et 1695 en Italie: il paraît qu'il acheta des tableaux non seulement