Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 26. (Budapest,1965)

GENTHON, ÉTIENNE: Un tableau de Toulouse-Lautrec au Musée des Beaux-Arts

UN TABLEAU DE T O U L O USE- L A U T R E C AU MUSÉ E DES BEAUX-ARTS En suivant à Paris l'Avenue de l'Opéra, l'une des nombreuses rues donnant dans celle-ci est la rue Thérèse, qui après quelques pas arrive à la rue des Moulins parallèle à l'Avenue. C'est dans cette rue que s'élève sous le n° 6, auparavant sous le n° 24, une étroite maison de trois étages, aux balcons garnis de spirales dorées, dans laquelle fut ouverte une maison close qui ne fermait ses portes qu'après la deuxième guerre mondiale, en 1940. Cette maison, nous le savons, joua un grand rôle dans la vie de Toulouse-Lau­trec. Depuis qu'elle fut ouverte le peintre la fréquentait souvent et fit dans son salon des croquis rapides d'après lesquels il exécuta dans son atelier ses compositions. C'est là qu'il peignit son chef-d'oeuvre conservé au Musée d'Albi, la toile intitulée «Au Salon» (fig. 21), que Francis Jourdain et Jean Adhémar dans leur ouvrage, 1 da­tent de 1895, mais qui selon Maurice Joyant 2 a été exécutée un an plus tôt. Il est hors de doute que Toulouse-Lautrec peignit le splendide tableau du Musée des Beaux-Arts de Budapest (fig. 18), 3 qui originairement portait le titre «Ces da­mes au réfectoire» (aujourd'hui on le dit simplement «Ces dames»), au même endroit et presque dans le même temps. La scène de ce tableau se joue également dans la mai­son de luxe qui était célèbre par son salon mauresque et par sa salle chinoise. Sur ce tableau le théâtre de la scène est la salle à manger qui pour les visiteurs ordinai­res était fermée; c'est pourquoi sa décoration murale était plus modeste. Le tableau représente cinq courtisanes assises à une table mise et bavardant. De la femme assise sur le bord gauche du tableau on ne voit qu'un détail de ses cheveux roux et de sa robe. Dans le premier plan sont visibles trois figures de femmes, trois portraits, qu'on aperçoit aussi dans la glace derrière elles. La cinquième, une femme au visage abruti ressemblant à un carlin (peut-être la Marcelle, qui dans les autres tableaux est plus jeune et plus jolie) serait celle qui est assise sur le bord droit du tableau, mais dont la tête n'est visible ici que dans la glace, dans l'angle gauche supérieur du tableau. Sur la table sont posés un panier et un verre avec les restes fie vin rouge. Elles s'y sont mises à bavarder après le repas. La femme plantureuse de gauche, au nez aquilin, et sa voisine au visage fané et usé, assises l'une près l'autre, figurent sur le tableau intitulé «Au Salon» également. La femme grassouillette au nez retroussé, visible à droite, est assise au milieu de la toile intitulée «Le Divan», que Jourdain a daté de 1893. 4 Cette courtisane est vêtue sur l'un et l'autre tableau de la même robe rayée au col haut, ce qui atteste 'Jourdain, Fr. - Adhémar, J.: T.-Lautrec. Paris, 1952. p. 125. 3 J o y a n t, M.: Henri de Toulouse-Lautrec. Paris, 1926. p. 154. 3 N° 356 B. Carton, huile, 60,3 x 80,5 cm. Signé en bas à gauche: T. Lautrec. 4 J o u r d a i n, Fr. — Adhémar, J.: op. cit. fig. 86.

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