Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 25. (Budapest,1964)

GERSZI, THÉRESE: Deux feuilles d'étude de Jacques do Gheyn

prouvent que même en s'inspirant d'oeuvres étrangères, il transformait les éléments utilisés selon sa propre personnalité et conception. Ses dessins figurant des scènes de chasse, que porte la feuille d'étude de Vienne, sont les preuves excellentes de son don d'observer la nature. L'artiste a su rendre avec une virtuosité admirable l'effort du chien courant après le chevreuil et de l'hom­me retenant le chien, ainsi que les diverses phases de leurs mouvements, en rendant sensible magistralement la course légère du chevreuil fuyant et l'énergie des muscles tendus du corps du chien. Le style identique des dessins d'étude de Vienne et de Budapest permet de con­clure que ces feuilles ont été exécutées à peu près dans le même temps. Les contours sont saccadés et atones, les lignes perdent, par rapport aux dessins précédents, leur signification individuelle et servent, comme éléments du ton, à mettre en valeur le clair-obscur. Par endroits, tel par exemple sur la feuille de Budapest, dans la tête de l'homme âgé vu de face, le contraste entre les lumières éclatantes et les ombres profondes est d'une vigueur presque rembranienne. Ces particularités du style déno­tent la période tardive de Jacques de Ghyen. Son style antérieur calligraphique et décoratif, fondé sur le système des longues lignes parallèles pleines de verve du dessin intérieur et sur les contours ininterrompus, commence à se modifier après les années 1600. Le tracé devient de plus en plus libre, délicat et individuel. C'est après 1610 que s'épanouit 1'« impressionistic breadth of treatment », 4 qui est le trait le plus caractéristique de ces deux dessins. Ce nouveau style tardif se marie avec une manière plus libre et plus réaliste. Ses dessins plus anciens sont eux aussi les représentations d'une atmosphère souvent intime de la vie quotidienne, or ils manquent encore de la fraîcheur et de la franchise, de l'approfondissement dans le sujet représenté, qui caractérisent ses dessins tardifs. Dans la mesure où il a réussi à s'affranchir des schémas et formules maniéristes, l'artiste s'approchait de plus en plus de la réalité dont il a estimé tous les menus détails dignes d'être représentés. Le contenu affectif de ses oeuvres, surtout l'intimité pénétrant ses dessins tardifs constituent également des traits de son art qui rattachent ses feuilles aux prérembraniens. Le sujet de l'autre dessin de Jacques de Gheyn, 5 conservé dans la collection de dessins du Musée des Beaux-Arts : « La visite d'Hippocrate chez Démocrite » e était affectionné dans le même cercle (fig. 58) ; il a été peint aussi par Lievens, Lastman, Moeyaert et Backer. 7 Le dessin accuse, quant à sa composition, une certaine parenté avec les tableaux de ceux-ci, or sa solution est trop individuelle pour être mise en rapport direct avec n'importe laquelle de ces peintres. Il est intéressant de voir combien les traits du visage d'Hippocrate représenté sur le côté droit de la feuille, rappellent le profil de jeune homme visible au milieu de la feuille d'étude de Buda­pest. 8 Cette ressemblance ainsi que le style des deux dessins permettent de conclure 4 Regteren Altena, J. Qu. van: The drawings of Jacques de Gheyn. Amster­dam, 1936. p. 99. 5 Jacques de Gheyn: La visite d'Hippocrate chez Démocrite. Plume, bistre, 172X 228 mm. Collection Esterházy (27. 14. Gheyn). Budapest, Musée des Beaux-Arts, n° d'inv. 1335. 6 Reallexikon zur Deutschen Kunstgeschichte. III. p. 1249. La source d'inspiration directe du sujet de ces tableaux a dû être une oeuvre dramatique éditée en 1603, qui repo­sait sur un passage des lettres apocryphes d'Hippocrate. 7 Les compositions de ces trois maîtres sont rattachées l'une à l'autre par nombreux traits de parenté. C'est sans doute le tableau de Lastman qui servit de modèle à Lievens et à Moeyaert. Cf. par exemple Schneider, H. : Jan Lievens, sein Leben und seine Werke. Haarlem, 1932. p. 16. 8 Regteren A 11 e n a, J. Qu. van: dans son, ouvrage cité, p. 47, mentionne que les mêmes types de tête figurent parfois sur plusieurs feuilles.

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