Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 25. (Budapest,1964)

SZILÁGYI, JEAN GEORGES: Musique de Sirene

fondues ensemble: Sophocle mentionne les Sirènes du récit de l'Odyssée comme «modulantes du chant d'Hadès » (frg. 777 N.). Il est connu que dans l'Odyssée les Sirènes envoûtent les navigateurs s'appro­chant de leur île non avec leur musique, mais avec leur chant. Or, sur la représen­tation du lécythe à fond blanc d'Athènes du peintre d'Edinbourgh de part et d'autre d'Ulysse attaché au mât, on voit apparaître sur le rocher deux Sirènes jouant l'une de la lyre et l'autre de la flûte. 25 Cet exemple et la représentation figurant sur une oenochoé attique récemment publiée, datant des années 520, attestent suffisam­ment que rien n'empêchait les peintres et les spectateurs grecs du V e siècle de voir dans les Sirènes faisant de la musique les Sirènes de l'Odyssée. Ce fait se trouve attesté par un skyphos de Berlin du peintre de Thésée, portant sur une panse la représen­tation de l'aveuglement du Cyclope, et sur l'autre celle des Sirènes debout sur un rocher — différemment du skyphos de Greifswald — et faisant de la musique. 26 Il est évident que leur figure seule évoque ici indubitablement le mythe de l'Odyssée. Donc la figure de la Sirène faisant de la musique sur un rocher, qu'elle apparaisse sur le tableau seule ou en compagnie de figures humaines •— dont les deux seuls exemples sont les représentations du vase de Budapest et d'un lécythe de Laon récemment publié — signifiait pour le spectateur grec du V e siècle assurément la Si­rène de l'Odyssée et inséparablement dt celle-ci la «modulante du chant d'Hadès ». L'interprétation partant de cette hypothèse nous permet de suivre un chemin bien plus praticable que celle qui voit dans les Sirènes faisant de la musique les représen­tants du défunt 27 (ce qui dans le cas du lécythe de Budapest serait par ailleurs absurde) ou selon laquelle leur apparition marquait le théâtre de la scène: les portes des Enfers. 28 Le problème du théâtre de la scène doit être compris plutôt de la même manière dont Buschor l'a interprété en analysant un lécythe à fond blanc de Munich, qui représente une femme s'occupant de sa toilette dont le geste et la coiffe suspendue près d'elle sur le mur marquent sans aucun doute qu'elle se trouve dans le gynécée. En même temps le monument funéraire devant la femme, surmonté d'un vase de bronze, « la représentation de l'offrande funéraire » n'avait aucun rapport spatial réel avec ce théâtre, et c'est justement par ceci que la scène obtint son vrai sens aux yeux du spectateur. 29 La figure de la Sirène jouant de la lyre sur le rocher du lécythe de Budapest, devenue pour ainsi dire symbolique, est quasiment le qualificatif du jeune homme : elle évoque, à côté de la figure de l'éphèbe, représenté dans une situation typique de sa vie terrestre, la fascination doucement douloureuse de la mort ensorcelant les coeurs; ce fut le moyen de l'art classique d'insinuer, derrière l'image du défunt 25 H a s p e 1 s, C. H. E. : op. cit. p. 217, n° 27. et pl. 29, n° 3. V. encore : Katal. Ars An­tiqua A. G., Auktion 4, Luzern, 1962. n° 130, la plus ancienne représentation d'Ulysse et des Sirènes musiciennes (vers 520) sur une oenochoé attique à figures noires. (Je tiens à remercier ici le Prof. K. Schauenburg qui a attiré mon attention sur cette publication.) 26 H a s p e 1 s, C. H. E. : op. cit. p. 253, n° 16; il n'est pas sûr que le vase soit une oeuvre sortie de la main du peintre de Thésée. Un lécythe inédit sorti de l'atelier du peintre de Beldam, portant une Sirène debout sur un rocher et deux jeunes hommes, est mentionné par Beazley, J. D. : ABV, p. 709, qui cependant ne parle pas d'instrument de mu­sique. [V. Note supplémentaire.'] 27 Picard, Ch. : Néréides et Sirènes (Extrait des Annales de l'Ecole des Hautes Etudes de Gand, tome II). Gand, 1938. p. 151. 28 Buschor, E. : Musen des Jenseits, p. 61. 29 Buschor, E. : Ost. Jh. 39, 1952. pp. 12-17.

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