Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 24. (Budapest,1964)

PIGLER, ANDRE: La mouche peinte: un talisman

ces nées au milieu du peuple napolitain, comme Domenico Comparetti l'a prise pour une chose allant de soi, ou bien si elle était née de l'imagination nordique, et dans ce cas c'est de là qu'elle se projetait en arrière à Naples et à Home et dans la littérature italienne, tel que le prétend Giorgio Pasquali, l'éditeur et le critique mo­derne de Comparetti. 25 Toujours est-il que dans les écrits de personnalités ecclésias­tiques anglaises et allemandes (John of Salisbury, Konrad von Querfurt, Gervasius of Tilbury) 26 la légende qui s'occupe des talismans que Virgile prépara pour Naples apparaît de temps à autre déjà dès le milieu du XII e siècle ; cette même légende ne se répandra dans la littérature italienne qu'au XIV e siècle («La Cronica di Partenope» par un auteur anonyme napolitain, un ouvrage de Cino da Pistoia et un d'Antonio Pucci, poète populaire toscan, ainsi que les commentaires de Cecco d'Ascoli sur Alcabitius et ceux de Boccace sur la Comédie Divine). 27 L'origine locale de la légende, notamment qu'elle est issue du sol napolitain, paraît pourtant plus plausible et natu­relle, même si le foyer d'où elle est sortie n'était pas le peuple ordinaire mais plutôt la société obscure et trouble de ceux qui s'occupaient de magie, de nécromancie et d'autres pratiques mystérieuses. Il n'est absolument pas improbable que les auteurs nordiques n'aient dépassé les Italiens que dans la rédaction écrite de la légende très répandue. Selon celle-ci une mouche de bronze faite par Virgile et fixée sur l'une des portes de la forteresse de Naples, avait éloigné les mouches de la ville. 28 Il est évident qu'on avait attribué aux représentations incisées et gravées, donc tracées comme des dessins, la même force magique qu'à la mouche de bronze plas­tique. En connaissance des légendes énumérées, l'hypothèse selon laquelle sur les ta­bleaux figurant dans la liste la mouche peinte fut appliquée pour servir de talisman contre la multitude de mouches vivantes, ne semble pas trop osée. Le moyen magi­que ap2)elé à empêcher la souillure des oeuvres d'art, a dû plaire et se répandre d'au­tant plus qu'il a contribué, en tant que simple trompe Voeu, en grande mesure à ce que le tableau éveillât l'intérêt des spectateurs n'importe qu'ils aient été connaisseurs ou ignares. La supposition selon laquelle les mouches peintes avaient eu une destination ma­gique se trouve finalement confirmée grâce à la Madone ferraraise, conservée à Edin­burgh (fig. 44). Ce tableau est de tout point de vue une curiosité. Bien que sa concep­tion presque maniérée et son sens de la forme soient absolument individuelles, on n'a jusqu'à présent pas encore réussi à l'identifier avec aucun nom de maître, et en ce qui concerne l'audace, même le raffinement du tour d'adresse illusionniste employé sur les bords, il est unique dans la peinture du Quattrocento. Le tableau est peint d'une façon à faire croire — et son maître possédait pour cela un don de persuasion excep­tionnel -—- que la représentation de la Vierge a été recouverte d'une pellicule protec­trice, sans doute d'une feuille de parchemin tendue devant la surface du tableau et cloué au cadre de bois moyennant de minces stries de parchemin. Le peintre démontre ensuite lui-même de manière ostentatoire que la couche protectrice est superflue: on dirait qu'on avait arraché du tableau la feuille de parchemin permettant ainsi 25 Prefazione dcU'Editore, dans le Tome I de l'ouvrage de Comparetti, D. 1955. p. XXII. 26 Comparetti, D. : op. cit. II, pp. 24, 173, 175. S p a r g o, J. \V. : op. cit. pp. 60-68. 27 Comparetti, D. : op. cit. II, pp. 217, 133, 132. S p a r g o, J. W. : op. cit. pp. 63 ss. T h o r n d i k e, L. : A History of Magic and Experimental Science during the First Thirteen Centuries of our Era. London, 1923. II, p. 959. 28 C o m p a r e t t i, D. : op. cit. II, passim. S p a r g o, J. W. : op. cit. pp. 69 — 79.

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