Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 24. (Budapest,1964)

ENDREI, W. G.—SZILÁGYI, J. G.: Une fausse gemme de Pyrgotéles

l'un est le tableau que porte un aryballe corinthien, datant des années autour de 600 av. n. è., découvert récemment et exposé au musée de Corinthe. 10 Ce tableau aune double importance: d'une part il est la représentation grecque la plus ancienne du métier à tisser, et d'autre part — si l'interprétation est juste — il prolonge, en reculant dans le temps, presque de six siècles la tradition authentique du mythe, connu auparavant seulement par les sources du siècle d'Auguste, et même postérieures. Ceci justifierait aussi les spécialistes qui ont cherché à bon droit le germe historique du mythe à la haute époque archaïque, lorsque les Grecs, ayant sans doute beaucoup appris de l'art du textile oriental. 11 et déjà conscients de leurs grandes réalisations, même de leur propre influence instigatrice, 12 ont pu placer Athéna au-dessus d'Arachné qui représentait l'Orient. L'autre représentation antique qu'on suppose qu'elle soit celle d'Arachné subsiste sur l'un des bas-reliefs, ci-haut cité, du mur d'enceinte du Forum de Nerva à Rome. 13 Les deux représentations présen­teraient deux phases différentes du récit : le vase corinthien figure peut-être le concours même, tandis que sur le bas-relief de Rome «Arachné» sollicite,'affaissée, la grâce d'Athéna. Rien n'indique donc que le faussaire de la gemme s'était tenu à la tradition iconographique antique. Or, la question de savoir si son modèle était une représentation moderne du mythe, 14 si souvent rencontré dans l'art à partir du XV e siècle, 1 ''' ou bien s'il avait puisé directement dans les Métamorphoses d'Ovide, le récit antique le plus ample et le plus poétique de cette histoire, ne pourrait être tranchée qu'après une étude poussée de l'iconographie moderne du mythe. W. G. ENDREI — J. G. SZILÁGYI "Weinberg, G. D. et S. S. : The Aegean and the Near East. Studies presented to IT. Goldmann. New York, 1956. pp. 262-267 et pl. XXXIII. 11 Une étude fondamentale est la dissertation de B u s c h o r, E. : Beiträge zur Geschichte der griechischen Textilkunst. München, 1912. 12 Sur la grande influence que l'art grec a exercée sur l'art des Lydiens, pour ainsi dire dès sa naissance v. récemment A k u r g a 1, E. : Die Kunst Anatoliens von Homer bis Alexander. Berlin, 1961. pp. 150 et suiv. 13 Studies II. Goldmann, loc. cit. Pl. XXXIV, et N a s h, E. : Bildlexikon zur Topographie des antiken Rom L Tübingen, 1961. pp. 433 — 438 (avec bibliographie complète). Cf. encore F r a n c i s c i s, A. de: EAA, I. p. 531. Récemment M. Th. Picard (Atti del Settimo Congr. Internat, di Archeológia Classica IL Rome, 1961. pp. 433 — 450) a apporté des arguments de poids contre l'interprétation selon laquelle le bas­relief figurerait le mythe d'Arachné. Or, la partie de son raisonnement concernant le métier y représenté n'est pas tout à fait convaincant. Selon lui c'est un métier dit « à la tire » qui est visible sur le bas-relief, et pour le prouver il se réfère en premier lieu à des données lexicographiques. Le mot kairos cependant ne signifie chez Hésychius (s. v.) pas l'ensemble des lisses, mais seulement le fil servant à séparer la chaîne, et la Suda l'interprète aussi dans un sens analogue, comme un instrument servant à empêcher l'embrouillement de la chaîne. Selon nos connaissances actuelles le métier à marches (cf. Endrei, W. : Der Trittwebstuhl im frühmittelalterlichen Europa. Acta Historica, 1961, pp. 107—136), et sa variante, le métier dit «à la tire » (cf. Endrei, W. : Le tissage à grand façonné. L'Industrie Textile, 1957. No 4) n'apparaît dans la Méditerra­née pas avant le IIP—IVo siècle. Ainsi, même si la remarque, citée par Picard, de Théo­doret, ayant vécu au V« siècle dans le voisinage des Sassanides, était susceptible de se rapporter au métier dit « à la tire », sa présence sur un bas-relief romain de l'époque de Nerva, que la représentation subsistant en fragments et les sources écrites ne justifient pas suffisamment, doit être pour le moment considérée comme peu probable. 14 V. par exemple l'eau-forte d'Antonio Tempesta (1555 —1630): Henkel, M. D., Vortr. Bibl. Warburg 1926 — 27. pl. 34, fie. 65. 15 Pig 1er, A.: Barockthemen IL Budapest, 1956. pp. 38-39. Cf. Kurth, B.: Reallex. f. Deutsche Kunstgesch. L Stuttgart, 1937 pp. 900 — 901. Sur les éditions illus­trées d'Ovide v. Henkel op. cit. pp. 58 et suiv (v. dans l'index sous Arachné) et pl. 34.

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