Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 21. (Budapest 1962)

WESSETZKY, GUILLAUME: Le scarabée du coeur d'une pretresse d'Amon

côté de dieu. 19 Ne t'opposes pas à moi devant le tribunal ! Ne te présentes pas contre moi devant le Peseur ! 20 Ne dis pas de mensonges contre moi ! 21 Tu est l'âme (ka) dans mon corps, Khnoum, qui crée mes membres.» 22 Dans la dernière phrase c'est le rôle du coeur en sa qualité de centre vital, mais en même temps en tant qu'être indépendant, que le texte relève et qu'il identifie avec Khnoum, le dieu créateur. Dans le texte habituel y relatif c'est la locution sui­vante qui figure : « Tu es Khnoum qui fait vivre (swdß) mes membres.» Dans notre texte à la place du mot swdß figure un signe en partie effacé, correspondant au signe hiéroglyphique de l'homme élevant un mur. Donc, selon la manière d'écriture — dans les textes de scarabées inhabituelle —- le ]çd figure dans le sens de « créer », ce qui convient parfaitement au passage du texte renvoyant à Khnoum, dieu créateur. 23 Pour terminer, il convient d'examiner encore une circonstance, ce qui peut se faire grâce à l'analyse de la matière et non à la photographie dont nous disposons. Nous avons mentionné que la matière du scarabée de coeur est un calcédoine, une pierre tout à fait claire, de couleur blanchâtre. Ce scarabée peut donc nous fournir des données sur un secteur de la religion égyptienne jusqu'ici pas suffisamment étu­diée, et c'est l'utilisation consciente de la matière, et en rapport avec celle-ci, des cou­leurs employées pour les amulettes, dans le cas présent pour les scarabées. 24 C'est l'application de la symbolique des couleurs qui donne aux amulettes leur valeur abso­lue. Dans le cas des scarabées du coeur le facteur décisif est le texte qui se trouve dans l'édition de Naville du Livre des Morts. C'est que dans le chapitre se rappor­tant au coeur, un papyrus (Ba) 25 indique dans le titre des chapitres la matière dans la­quelle les scarabées du coeur, donc les amulettes-scarabées, doivent être taillés. Selon ceci: le néphrite (vert) pour le chapitre 30 B ; le lapis-lazuli (bleu) pour le chapitre 26 ; le feldspath (blanc bleuâtre) pour le chapitre 27, et finalement une roche de nom in­connu pour le chapitre 29 B. Donc le vert et le bleu sont en effet les couleurs des sca­rabées et des amulettes du coeur. La question se pose à présent de savoir comment le scarabée du coeur en calcédoine claire s'adapte à ce principe. Sans insister sur l'épi­thète «Blanc» de quelques déesses, comme Nekhbet ou Hathor, ou de l'habit (sacer­dotal) symbolisant la pureté cultuelle, nous indiquerons un seul passage qui peut ex­19 r gê ntr permet à la place du sens textuel aussi la traduction de « en la présence du dieu » ou « devant le dieu » ; la présence de cette locution à cet endroit est, cepen­dant, tout à fait inhabituelle, car elle appartient à la phrase « ne penses (dis) pas de mensonges en la présence du dieu », qui se trouve à la fin du texte. 20 La signification de jrj «appartenant à quelque chose» en connexion avec la balance (jrj mhß.t) est selon le W. B. I. 104, « Wagemeister », c'est à la place de celui-ci que nous avons "employé dans la traduction le nom « Peseur » désignant la divinité qui contrôle la position d'équilibre du fléau de la balance. 21 Voir la remarque comprise dans la note 19, relative à la situation de la phrase. D'ailleurs, dans les textes c'est en général le kmd « pense » qui figure à la place de dd « dit » qui se trouve ici. 22 Le sens proprement dit de swdß, employé en général dans les textes des scarabées du coeur, c'est à dire du Livre des Morts, est « maintenir en santé », « rendre la santé ». En rapport avec le dieu Khnoum ceci se rapporte à l'activité du dieu dans le sens d'assurer la santé au nouveau-né (cf. W. B. IV. 79). A rencontre de ceci la conception et l'écriture intéressante de notre passage indique expressément le pouvoir créateur de Khnoum. 23 Sur la signification et l'écriture de kd « crée », voir W. B. V. 72. 24 La seule synthèse importante du rôle que la symbolique de couleur a joué dans la religion égyptienne est : K e e s, H. : Farbensymbolik in ägyptischen religiösen Texten. Nachrichten von der Akademie der Wissenschaften in Göttingen. Phil.-Hist. Kl. 1943. N° 11, pp. 413 et suiv. 25 Naville, E. : Das aegyptische Todtenbuch der XVIII. bis XX. Dynastie. Berlin, 1886. p. 128. Sur la traduction des noms des matières en question v. W. B. II, p. 268, III. p. 334, II, p. 339, IV, p. 208.

Next

/
Thumbnails
Contents