Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 21. (Budapest 1962)

BOSKOVITS, NICOLAS: Une Madone de l'atelier de Niccolô di Pietro Gerini

la composition identique et les types analogues, on observe ici aussi les formes de visage caractéristiques de Gerini : le modelé arrondi, d'une ligne ferme, les yeux fendus en amande, mais, contrairement à l'atelier d'Orcagna, grand ouverts, les sourcils minces et la petite bouche, ainsi que le menton accusé, sont des traits qui, selon les chercheurs, rattachent cette oeuvre à la date de l'exécution des fresques de l'église San Francesco de Pise. Les tableaux de Niccolô di Pietro jusqu'ici énumérés, ne servent donc d'analogie au tableau de Budapest que par quelques détails ; cependant on rencontre parmi les oeuvres exécutées après 1400 aussi des exemples plus proches. Parmi les compo­sitions de Madones, de plus en plus simplifiées, parfois un peu sèches, nous considé­rons comme tels par exemple le triptyque de la Galerie de la Yale University (fig. 16), 14 qu'on a plus d'une fois rattaché à Lorenzo di Niccolô, la Madone de l'Ermitage, que V. Lazarev attribue également à Lorenzo di Niccolô (fig. 15) 15 , ainsi qu'un trip­tyque conservé aux Offices et représentant la Crucifixion et des saints. 10 Bien entendu, il ne faut, en les comparant, pas négliger le fait que le maître de notre tableau était d'un talent bien plus modeste que ceux que nous venons de mentionner, et que ses formes sont souvent plus maladroites et superficielles. Le cou de la Vierge ainsi que celui de l'Enfant sont faits trop gros sur le panneau du Musée des Beaux-Arts, et les détails des visages sont plutôt juxtaposés et ne se rattachent pas organiquement les uns aux autres. Le peintre, on le voit nettement, n'a pas éprouvé le besoin de construire les figures, mais s'est efforcé seulement à utiliser les éléments de formes une fois appris. C'est ce qu'attestent les mains dont les doigts semblent pour ainsi dire manquer d'os, mais dont le caractère et le geste accusent incontestablement une parenté avec celles de la Madone de la Galerie de la Yale University. Ce sont avant tout les têtes — là de proportions plus élégantes, ici plus trapues — qui peuvent être regardées comme apparentées, ainsi que les nez longs et droits, et la ligne des bouches et des yeux. Aussi l'ondoiement tranquil du manteau retombant lourdement, semble-t-il familier. Des observations similaires s'imposent en contemplant le tableau de l'Ermitage, où à côté du type de visage de la Vierge et de l'Enfant, le vêtement de la première, avec le voile transparent enveloppant légèrement le cou, ainsi que les mains, accusent une ressemblance avec notre panneau. 17 Néanmoins nous ne pensons pas à mettre en rapport le tableau du Musée des Beaux-Arts avec Lorenzo di Niccolô. C'est que les oeuvres authentiques de ce maître, tel le triptyque de l'église S. Martino de Teran­est la Madone de Lorenzo Bicci se trouvant dans l'église S. Maria Assunta de Loro Ciuf­fenna, et qui a dû être exécuté dans les dernières années du XIV e siècle. Cf. : Sinibaldi, G. : Note su Lorenzo di Bicci. Rivista d'Arte, XXVI, 1950. pp. 199 et suiv. J'exprime ici ma gratitude à M. Michel Laclotte qui a bien voulu m'envoyer la photographie de la Madone d'Avignon. 14 Le panneau central représentant la Vierge et l'Enfant est pris entre deux volets originairement sans doute pas homogènes, l'un figurant des saints et l'autre la Crucifixion. Les volets portent en haut les scènes de l'Annonciation. Offner, R. et Lazarev, V. dans leurs études citées, considèrent le tableau de l'Art Gallery de la Yale Universal y — qui nous a bien voulu permettre la reproduction — comme l'oeuvre d'un disciple de Niccolô di Pietro, tandis que V an Marie (op. cit. III,p. 643) l'attribue à Lorenzo di Niccolô. 15 Op. cit. pp. 35 — 37. 16 Repr. dans V an M a r 1 e, R. : op. cit. Ill, p. 624. Cet auteur prend ce tableau pour une oeuvre tardive sortie de la main de Niccolô di Pietro, tandis que Offner, R. (Studies in Florentine Painting) le considère comme un travail d'atelier. 17 Galetti, U. — Camesasca, E., dans l'ouvrage cité (p. 1067) publient la re­production d'un tableau d'une composition analogue et conservé dans une collection privée, reproduction qui illustre l'article sur Niccolô di Pietro.

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