Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 20. (Budapest 1962)
ESZLÁRY, EVE: Le fragment d'un bas-relief italien du XIVe siecle
largement et platement étalés sur le fond lisse, séparés l'un de l'autre par des intervalles solennels, rapprochent notre pièce du bas relief de Florence, mais aussi plusieurs menus détails analogues. Tels sont, par exemple, la tombée des volants de la draperie rejetée à travers le bras gauche, là de la Vierge, et, sur notre pièce, de la figure féminine, les plis des robes des anges, réunis radialement, et le rythme de l'ornement de la surface des ailes décorativement déployées. Notre bas-relief a été sans aucun doute taillé après 1310, sous l'influence de celui de la cathédrale Santa Maria del Fiore, par un maître anonyme toscan, qui a travaillé les surfaces plutôt mollement sans trop les accentuer. Bien que son oeuvre suive la tendance florentine du début du XIV e siècle, le caractère provincial de son art nous interdit de le considérer comme un maître florentin. L'influence, descendant aux moindres détails, exercée parle bas-relief de Florence sur celui de Budapest, une fois constatée, la question se pose de savoir pourquoi le maître de notre bas-reliefs, n'avait pas adopté la composition même de l'Annonciation. Est-ce en effet la scène de l'Annonciation que représente notre bas-relief? Si il la représentait en effet, la figure féminine ne tournerait pas le dos à l'ange. On ne connaît pas de composition contemporaine de même sujet qui serait analogue à celle de notre pièce, nous sommes donc amenés à penser qu'elle doit avoir pour sujet une autre scène biblique. Quant à notre bas-relief très fragmenté, nous sommes, en identifiant son sujet, réduits à des hypothèses, toutefois les fragments subsistants nous permettent à eux seuls de reconstituer avec une grande probabilité le bas-relief intégral. La composition s'interrompe environ au milieu de la sculpture. Au-dessus de l'autel, le long de la ligne de cassure, sur la surface plane le commencement d'une partie saillante est perceptible au toucher. 7 Cette petite saillie prouve incontestablement qu'au-dessus de l'autel se trouvait une figure ou un objet. Nous supposons que cette petite figure a dû être celle de l'Enfant Jésus que le vieux Simeon, debout près de la partie manquante de l'autel, tenait au-dessus de l'autel. Derrière Simeon ont dû se trouver encore un ou deux personnages. La figure féminine sur la partie subsistant est sans doute la Vierge, et derrière elle un ange clôt ce côté de la scène. L'arrangement où l'autel est situé dans le centre, et auprès duquel se tient Simeon avec l'Enfant en face de la Vierge, est un type fondamental de la composition de la Présentation au Temple. 8 Parmi les créations de Giotto et de son atelier on peut citer même trois exemples de cet arrangement 9 et on la retrouve aussi par exemple, chez Pietro Cavallini, 10 l'autre maître important de l'époque, de même sur la mosaïque de la coupole du Baptistère de Florence. 11 C'est celle-ci qui est la plus proche de notre fragment, vu que la Vierge est disposée là aussi à gauche de l'autel. C'est sans doute à cause de la main droite levée de l'ange, mainte fois visible dans les représentations de même sujet que notre bas-relief a été pris pour une Annonciation. Cependant, la main droite levée de l'ange n'est là rien d'autre qu'un geste indiquant le centre de la composition. Ces figures d'anges, indiquant le centre de 7 Je dois à M. Kálmán Németh, restaurateur du Musée des Beaux-Arts, d'avoir appelé mon attention sur cette circonstance. 8 Évangile selon Lucas, 2, 21 — 38. 9 Klassiker der Kunst, XXIX. Giotto, Berlin et Leipzig, s. d. pl. 28, 167, 207. Sur le type de la « Présentation » de Giotto v. Marie, R. van : Recherches sur l'iconographie de Giotto et de Duccio. Études sur l'art de tous les pays et de toutes les époques. 2. Strasbourg, 1920. pp. 11, 12. 10 Venturi, A. : Storia dell'arte italiana. V. La pittura del trecento et le sue origini. Milano, 1907. fig. 119. 11 Venturi, A. : op. cit. fig. 183.