Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 19. (Budapest 1961)

PIGLER, ANDRÉ: L'élément nordique dans l'art de Lorenzo Lotto

dei conti» de Lotto permet tout au plus de faire des conjectures. Le maître a com­mencé à tenir le registre, ce document d'un intérêt sans pareil, justement en 1538, mais malheureusement à une date avancée de l'année. 15 Messer Bertolameo, serait-il identique avec Bartolomeo Carpan, joallier vénitien d'origine trévisane, qui, plus tard, avait accordé à Lotto son appui et l'hospitalité de laquelle il a plus d'une fois joui? Pareillement, on pourrait poser la question de savoir si ce Felipo nommé en second sur le « cartellino » n'est pas identique avec Filippo Riccio. A savoir ces deux noms figurent souvent dans le « Libro dei conti », même occasionnellement aussi ensemble. 16 Rien dans l'inscription n'étaye la supposition éventuelle que l'un des personna­ges y mentionnés serait identique avec l'homme représenté sur notre tableau. Il est toutefois intéressant de signaler que Lotto a plus d'une fois noué avec des hommes de finance ; un inventaire dressé vers 1680 à Parme mentionne un tableau du maître représentant deux changeurs, 17 et en 1551 l'artiste a noté lui-même sur l'un de ses modèles : « misser Abraam hebreo portugese, fa banc ho in Pesaro ». 18 L'auteur des lignes présentes comprendrait si certaines lecteurs ne jugeant que d'après ce qui précède, repoussent l'idée d'attribuer le tableau de Budapest à Lotto. Ceux qui prennent un parti négatif ne voient dans le tableau que le caractère froid, «allemand», ainsi que la manière relativement graphique de peindre le visage et les mains, tandis que les marques caractéristiques absolument lottesques de la nature morte leur échappent. Pourtant nous sommes convaincus qu'une tradition dissipera les doutes, à plus forte raison que les particularités nordiques par trop frappantes trouveront une explication logique. La tradition est conservée par une donnée selon laquelle à la vente de la collec­tion viennoise de F. J. Gsell, organisée en 1872 à Vienne par Georg Plach, notre tableau avait figuré sous le n° 159 comme l'oeuvre de Lorenzo Lotto. Selon le cata­logue de la vente le tableau provenait de la Galerie Manfrin de Venise. Bien que nous ne soyons pas en mesure de contrôler cette donnée — nous n'avons pas retrouvé trace du tableau dans le catalogue de la Galerie Manfrin, ni dans celui de l'année 1856, ni de 1872 19 — il n'est pas douteux que le tableau a apportée le nom du grand maître (qui n'était pas un nom collectif comme par exemple le nom de Giorgione !) de sa patrie. Les traits personnels de l'art de Lotto ne sont dans le tableau pas manifestes dans une mesure suffisante pour fair surgir à eux seuls le nom de cet artiste dans le troisiè­me quart du siècle passé, à Vienne, où même les splendides tableaux de Lotto au Kunsthistorisches Museum, bien plus caractéristiques, y ont figuré sous de faux noms de maîtres. La critique d'art excessive, dépréciant évidemment le tableau, a bientôt privé le portrait de l'homme comptant et pesant les pièces d'or, du nom de Lotto. Le ta­bleau entre-temps passa dans la collection viennoise du Comte Edmond Zichy, puis en 1911, en la possession de la Municipalité de Budapest comme legs d'Eugène Zichy. H est caractéristique et d'après les précédents nullement surprenant qu'il a été classé 15 «Le Gallerie Nazionali Italiane» I, 1894. p. 115. 16 Ibid. p. 148. 17 C a m p o r i , G.: Raccolta di cataloghi ed inventarii inediti. Modena, 1870. p. 214. 18 «Le Gallerie Nazionali Italiane» I, 1894. pp. 128, 134. 19 Je dois la révision du catalogue de 1856 de la collection Manfrin à M me A. Czobor. On voit écrit sous le n° 115 du catalogue : «Ritratto di un antiquario di Agostino Carracci ; tela, larghezza 88,altezza 108». Bien que ces dimensions soient identiques avec celles du ta­bleau en question, l'occupation désignée de la personne portraiturée, et surtout le nom d'Agostino Carracci comme auteur du tableau ne semblent pas permettre de les identifier.

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