Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 17. (Budapest 1960
GARAS, CLAIRE: Carlo Innocenzo Carlone
l'impératrice Amélie. 10 Le maître, en ces temps là, est déjà comblé de commandes, et les tâches s'accumulent. En 1721, il peint, sur mandat de l'archevêque Franz Ludwig, prince électeur de Trier le plafond de la Kurfürstenkapelle de la cathédrale de Wroclaw (Breslau), représentant Saint Michel triomphant des démons, avec sur les pendentifs les quatre pères de l'Eglise et les quatre Évangélistes ; X1 en été de la même année il travaille aussi pour le prince Eugène de Savoie. Nous ne disposons pas de données précises sur les rapports du peintre avec le grand capitaine, l'un des mécènes les plus importants de l'époque. Selon la biographie de Füssli, Carlone quitta Linz pour Vienne sur l'invitation du prince qui chargea Carlone de décorer avec le Bolonais Marcantonio Chiarini le Belvedere, sa nouvelle résidence d'été en voie de construction. C'est Carlone qui peint dans le Belvedere supérieur le plafond de la chapelle (Dieu le père avec les anges), la fresque d'une des salles du rez-de-chaussée (Apollon et Aurore chassent les démons de l'obscurité) et le plafond allégorique de la grande salle de marbre (en collaboration avec le peintre d'architecture Gaetano Fanti). La fresque glorifiant le prince Eugène de Savoie, bien qu'elle soit un des monuments les plus importants de la peinture baroque d'Autriche, est peu connue et figure à peine dans la littérature d'art. 12 Conformément au type généralement répandu des apothéoses princières baroques, elle représente le héros glorifié dans le costume d'un triomphateur romáin, trônant dans les cieux, entouré de figures célestes symbolisant les vertus. 13 Il tend sa main gauche à Justifia tenant de sa main une épée nue (au-dessus d'elle un putto avec la balance), près de sa tête se tient la Raison avec le miroir de l'Intelligence, et à sa droite le génie rayonnant de la Vertu avec la lance. A la partie supérieure du trône orné d'un écusson planent des putti tenant une couronne, et le Temps, Chronos avec la faux ; dans la partie inférieure du champ pictural rectangulaire largement allongé se placent les démons chassés, l'ennemi vaincu (fig. 65). Cette représentation figurera plus tard plusieurs fois dans l'oeuvre de Carlone en différentes versions ; elle se rattache aussi à quelques esquisses récemment découvertes. Nous retrouvons dans une esquisse à l'huile du Joanneum de Graz, également d'un format allongé, d'une découpure ovale, mais dans un arrangement en contre-partie, le détail central de la composition de Vienne (fig. 66). Le chef de guerre trônant tend sa main droite à Justifia qui est représentée de façon presque identique, 10 D'après les données fournies par les archives, relatives aux travaux de Ludwigsburg v. F Te i s c h h a u e r, W. : Barock im Herzogtum Württemberg. Stuttgart, 1958. p. 216 et suiv. Selon Füssli (op. cit. p. 222) Carlone avait peint une Sainte Famille pour l'impératrice Amélie. 11 Le prince électeur était frère de l'impératrice ; l'architecte de la chapelle était Fischer von Erlach et le stucateur Santino Bussi. Tous deux étaient en rapport étroit avec Carlone qui a collaboré comme peintre à nombreuses autres constructions de Fischer von Erlach (Prague, Hôtel Gallas, etc.) La remarque de L a v a g n i n o, E. : Gli artisti italiani in Germania, Roma, 1943. p. 17, 36, que Carlone aurait décoré plusieurs salles du château de Breslau, est erronée. 12 Les publications récentes sur le Belvedere Supérieur mentionnent la fresque de la salle de marbre d'ordinaire sans désigner le nom du maître. (Galerie des 19. Jahrhunderts im Oberen Belvedere. Wien, 1937. Österreichische Galerie des 19. und 20. Jahrhunderts. Katalog der Neuaufstellung. Wien, 1954. etc.) E n g e r t h, E. : Catalog der K. K. Gemälde-Gallerie im Belvedere zu Wien, 1861- , le cite justement comme l'oeuvre de Carlone. 13 Une représentation des plus fréquentes dans la première moitié du XVIII e siècle est l'allégorie héroïque. V. dans un rapport analogue : sur la fresque de Rottmayr dans le Liechtenstein Garten palást de Vienne (1705), sur le plafond de Chiarini dans le palais Daun et au Belvedere Inférieur, sur le plafond de Crosato glorifiant le prince Eugène de Savoie (Vienne) etc.